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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie dramatique, #Yves Robert
La Guerre des boutons (Yves Robert, 1962)

C’était du temps où il n’y avait pas de classe le jeudi, le temps où les maîtres fumaient dans la cour (quand ce n’était pas dans la classe), le temps où la télévision n’était pas encore arrivée dans les campagnes, le temps où même le téléphone était rare, mais pas la raclée.

C’était le temps où les enfants s’amusaient… A se battre. Il est  clair que cette dernière occupation n’est pas tombée en désuétude, mais elle ne se fait plus de la même façon, ni pour les mêmes raisons.

 

Voilà une quinzaine d’années que la guerre (celle des bombes atomiques) est terminée, alors en tant de paix, on cherche autour de soi un nouvel ennemi.
Pour les enfants du bourg de Longeverne, commandés par Lebrac (André Tréton), l’ennemi est vite trouvé : les enfants de l’autre village, Velran (« A cul les Velrans ! »).
Mais bien entendu, pour les enfants de Velran, emmenés par L’Aztec (Michel Isella) c’est exactement le contraire.

Yves Robert est, je l’ai déjà dit, un cinéaste de l’amitié. Et ce film en est empreint. L’amitié entre les enfants, mais aussi entre les adultes.

Mais ce sont surtout les enfants qui ont le beau rôle. C’est un groupe qui s’est organisé autour de son chef – Lebrac, le plus grand – et où chacun a sa place, le tout dans un essai de république* telle qu’elle est enseignée par le maître (Pierre Trabaud), qui a, campagne oblige, une classe unique. Mais ce n’est plus un maître adepte de la férule. Il faut dire que les parents s’en chargent eux-mêmes : il faut voir les pères se retrousser les manches en accueillant leurs rejetons qui n’ont pas été « très sages »…

 

Mais même dans cette organisation très masculine (tous sont à l’école des garçons, la mixité n’étant pas encore de mise), on trouve tout de même une fille, la Marie Tintin (le même nom que son frère). C’est la seule. Elle est, - je dirai évidemment – la petite amie du chef (Lebrac) mais reste cantonnée à des tâches ménagères : balayage et couture. En temps de guerre elle est l’infirmière, ce qui nous donne une belle scène des rapports garçons-filles : Bacaillé (Claude Meunier), qui n’a pas encore trahi, sous un prétexte de blessure va se faire soigner par Marie, qu’il trouve très à son goût. Mais elle refuse et ils en viennent à se chamailler magnifiquement : on croirait voir une sœur et son frère...

 

Et d’une manière générale, les réactions des enfants sont très justes. Et ces mêmes réactions sont toujours d’actualité : il suffit de se rendre dans une cours de récréation pour s’en rendre compte. Il en va toujours de même, il y a juste des téléphones portables en plus, ou en moins ce qui amène les inévitables bagarres…

Et ces réactions sont d’autant mieux rendues que les enfants ont un jeu très juste, dont évidemment Martin Lartigue dans le rôle de Petit Gibus, répétant à l’envi son antienne : « si j’aurais su… » (Vous connaissez la suite)

 

Mais l’amitié concerne aussi les pères de ces mêmes enfants. Tous se connaissent, se fréquentent et font affaire. Mais même pour eux, la rivalité entre les deux bourgs est une réalité. Ca commence par le père Bacaillé (Michel Galabru) qui se réjouit de l’inscription faite par les enfants au début du film, jusqu’à la rencontre entre pères de villages ennemis : ça commence par s’insulter, ça jette des cailloux… Mais ça se termine bien autour d’une bonne bouteille (chacun !).

 

Et puis il y a les autres moments, quand la guerre cède la place à l’émotion.

La trêve pour soigner un lapin blessé, où les deux chefs s’allient pour lui concevoir une attelle ; la dignité de Lebrac quand les Velrans lui ôtent ses boutons, dignité qui disparaît quand il n’est plus en vue ; l’arrivée de ce dernier en classe, quand le maître commence à gronder puis s’arrête, stupéfié ; et évidemment le « duel » final entre Lebrac et L’Aztec.

 

Et puis il y a la cruauté indissociable de l’être humain : on tue le renard pour ensuite l’émasculer, sans parler des tortures (morales) infligées aux prisonniers, voire au traître Bacaillé.

Là encore, la reproduction du système des adultes est très au point.

 

Yves Robert nous offre un très beau voyage dans l’enfance, parce que les enfants, qu’ils soient d’hier et d’aujourd’hui, sont toujours des enfants. Qui auront à leur tour d’autres enfants… La relève est toujours là.

 

 

* Mais la république a ses limites et comme le dit Lebrac : « çui qui commande c’est çui qu’a le plus long zizi. »

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