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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Jean-Paul Salomé
Les Femmes de l'ombre (Jean-Paul Salomé, 2008)

Si Jean-Paul Salomé n’avait pas spécialement convaincu avec son Belphégor (2001), ce n’est pas du tout le cas ici, où il démontre qu’il sait faire un film de guerre fort honnête, dont le titre tient tout de même du pléonasme : si elles furent nombreuses à s’engager pendant la seconde guerre mondiale, ce ne sont pas souvent elles qui sont le centre des reconstitutions de cette période (1). Et malgré les rôles prépondérants qu’elles tinrent, on ne cite pas assez les noms de ces résistantes.

 

Elles sont 5, recrutées par le SOE (2) et ont pour mission de récupérer un géologue arrêté par les allemands dans le cadre de l’opération Phoenix.

Pour cela, Louis Desfontaines (Sophie Marceau) va faire équipe avec Jeanne Faussier (Julie Depardieu), Suzy Desprée (Marie Gillain), Gaëlle Lemenech (Déborah François) et Maria Luzzato (Maya Sansa) une résistante italienne qui est en outre juive.

Ensemble, et malgré leurs différences, elles vont réussir à sauver ce géologue, mais quand cela arrive, c’est un petit peu après le premier quart du film. L’intrigue évolue donc et se transforme vers une nouvelle mission : supprimer le colonel Heindrich (Moritz Bleibtreu), officier SS qui peut faire avorter l’opération Phoenix mentionnée plus haut.

 

Ca commence (presque) comme Les 12 Salopards : Louise Desfontaines doit recruter une équipe en vue d’une opération commando. Mais alors que le film d’Aldrich traitait sur le même plan l’entraînement des hommes et leur opération, Salomé, lui, entre plus vite dans le vif du sujet, montrant l’opération de sauvetage menée de main de maître par ces 5 femmes ainsi qu’un officier français, Pierre Desfontaines (Julien Boisselier), frère de Louise (3).

De plus, c’est surtout l’après qui nous intéresse ici : comment ces femmes qui n’avaient signé que pour une mission se retrouvent acculées  à devoir en remplir une autre, sans aucune préparation.

 

Bien sûr, la mission est remplie. Mais à quel prix ? Encore une fois, la comparaison avec le film d’Aldrich me vient en tête : mais le commandant Reisman (Lee Marvin) ramené plus d’hommes de son opération commando.

Ce n’est pas vraiment révéler la fin que de le dire, une opération pareille relève plus de la mission suicide que d’autre chose : comment cinq femmes sous-entraînées peuvent-elles tenir tête à un colonel des SS dans Paris occupée ?

La réponse dans le film.

 

Jean-Paul Salomé retrouve Sophie Marceau, sept ans après Belphégor, et cette collaboration est tout de même plus fructueuse, l’actrice interprétant une Louise Desfontaines fort juste, épaulée par quatre autres femmes elles-mêmes dans le ton. Si Salomé fait la part belle à ces résistantes, il ne gomme pas certains éléments qui ne les montrent pas obligatoirement sous un beau jour : Jeanne est une prostituée qui a tué son souteneur et qui part en mission pour éviter d’être pendue (c’était comme ça, la peine de mort en Angleterre) ; quant à Suzy Desprée, elle a rompu trois ans plus tôt avec Heindrich, prenant la fuite au lieu de l’épouser.

 

Qu’importe, ces femmes remplissent leur mission sans pour autant perdre leur qualité humaine, même si certaines actions vont à l’encontre de leurs convictions : Gaëlle, la catholique pratiquante, ira à l’encontre par deux fois à des préceptes bibliques fort importants pour elle.

Et si ces cinq femmes forcent l’admiration, je ne peux m’empêcher d’avoir un faible pour Jeanne, cette prostituée en quête éventuelle de rédemption. Si Louise commande, Jeanne est celle qui a le plus le sens de l’initiative, et va beaucoup faire pour le succès de cette mission, allant jusqu’au sacrifice, inévitable dans ce genre d’opération. Et Julie Depardieu est magnifique dans ce rôle.

Quant à son devenir, on peut y distinguer une forme d’ironie très noire, comme si malgré tout ce qu’elle a pu faire, elle ne pouvait échapper à son destin initial…

 

 

PS : Jean-Paul Salomé dit s’être inspiré de Lise de Baissac, agent du SOE qui mourut en 2004 comme le dit le film à propos de Louise, mais dont le frère Claude a survécu à la guerre.

 

  1. Lire aussi Le Réseau Corneille (Jackdaws – Ken Follett, 2001), traitant une histoire assez proche de celle du film.
  2. Special Operation Executive : direction des opérations spéciales, un service britannique de soutien aux mouvements de résistance aux nazis.
  3. Encore une fois, on retrouve la tendance patriarcale à mettre un homme pour chapeauter une opération menée par des femmes.
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