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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Cape et Epées, #Martin Bourboulon
Les trois Mousquetaires : D'Artagnan (Martin Bourboulon, 2023)

62 ans après André Hunebelle, un cinéaste français s’attaque à nouveau au chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas : Les trois Mousquetaires. Et comme la fois précédente, c’est en deux parties.

 

Charles de Batz de Castelmore (François Civil) – D’Artagnan, donc – est en route pour Paris sur sa jument. Arrivé à Meung (enfin c’est le livre qui le dit, ici, aucune indication), il tombe sur une échauffourée à l’issue de laquelle il reçoit une balle de pistolet. Mais il n’en meurt pas pour autant et reprend son chemin. Son objectif : intégrer la compagnie des mousquetaires de M. de Tréville (Marc Barbé).

Il y parviendra bien sûr, mais après moult pérégrinations et affrontements, et pas seulement contre les gardes du cardinal Richelieu (Eric Ruf). Sans oublier son histoire d’amour avec Constance Bonacieux (Lyna Khoudri), ni les ferrets de la reine (Vicky Krieps).

 

Quel faste !

Ce n’est plus une superproduction, mais une hyperproduction que signe ici Martin Bourboulon, avec l’aide de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière (le fils de) au scénario. Ces derniers ayant d’ailleurs accentué le contexte politique qui va amener nos mousquetaires à La Rochelle, mais ça, ce sera pour le prochain opus (1). Le film s’ouvre d’ailleurs sur un rappel de cette situation politique, essentiellement dominée par les antagonismes entre catholiques et protestants.

Mais nos deux scénaristes poussent un peu loin cette opposition religieuse puisqu’elle va prendre le pas sur l’intrigue originale de Dumas. Et cela est bien dommage : on en arrive à des extrémités qui, si elles en sont pas éloignées de certains états d’esprit de l’époque, amènent une situation finale – le mariage de Monsieur (Julien Frison) – certes rocambolesque mais tout de même un tantinet exagérée, voire du grand n’importe quoi ! Certes, cela est prétexte à une ultime empoignade et cela sert le scénario (distordu, est-il besoin de le préciser ?), mais on a quand même du mal a gober tout ça.

 

Comme annoncé plus haut, le spectacle est là et les différents protagonistes attendus aussi, même si on aurait préféré voir Rochefort (Raynaldo Houy Delattre) un peu plus présent (son différend avec D’Artagnan étant l’une des composantes de l’intrigue originale (et surtout la cause des trois duels initiaux que ce dernier décroche dès son arrivée à Paris !), tout comme le bonhomme Bonacieux qui a carrément disparu, faisant de Constance une jeune femme célibataire (2).

Les différents épisodes attendus sont présents aussi mais je trouve qu’on n’en jouit pas pleinement du fait de la pénombre ambiante : je me demande même comment D’Artagnan a réussi à reconnaître Rochefort après l’attaque de Meung du fait de la brièveté de leur entrevue et surtout de la pénombre qui entourait cette séquence.

 

Parce que d’une manière générale, c’est sombre. Très sombre. L’intrigue l’est un peu plus qu’attendue, mais les images de Nicolas Bolduc, pour très belles qu’elles soient restent beaucoup trop sombres.

D’un autre côté (3), sa caméra est toujours au plus près de l’action, parfois même un peu trop et on ne peut pas pleinement profiter des inévitables duels de l’intrigue. De plus, l’obscurité environnante a tendance à desservir cette proximité : on ne voit plus qui fait quoi !

De plus cette même caméra est – à mon avis – un petit peu trop en mouvement : ne subsistent que quelques très rares plans fixes rapidement supplantés par une espèce de frénésie de mouvements. Et une fois qu’on en a pris conscience, on ne voit plus que ça, jusqu’à l’étourdissement (?).

 

Encore une fois, on peut être un peu déçu par le personnage de Porthos (Pio Marmaï auquel fait défaut une certaine truculence – en plus de son physique formidable – surtout après la prestation de Gérard Depardieu dans The Man in the iron mask (1998), l’un des éléments notables de ce film somme toute assez moyen. Quant à sa bisexualité, elle est plus là comme un atour que comme une caractéristique de ce personnage : non, elle n’apporte rien.

 

Reste un film quand même agréable, où les différents interprètes ont à cœur de nous offrir une nouvelle version du roman de Dumas, et où – pour moi – le personnage le plus réussi est celui de Louis XIII : Louis Garrel, même sil n’a plus l’âge de son personnage (26 ans en 1627, puisque l’intrigue a été décalée de deux ans dans le futur – de l’époque), est un monarque autrement plus convaincant que ses aînés : on y retrouve son aspect duel qui veut qu’on l’appelle « le Juste » mais qui ne l’est pas vraiment, ainsi que son inexpérience dans les affaires d’état qui lui ont fait choisir Richelieu pour l’aider.

Et je terminerai en mentionnant la très belle musique de Guillaume Roussel, en parfaite adéquation avec ce que nous voyons, complétée par quelques éléments du répertoire inévitables là encore quand on situe une intrigue au XVIIème siècle.

Alors, Les trois Mousquetaires : D’Artagnan, un film à voir ?

Oui. Quand même.

 

  1. Prévu le 13 décembre (en France).
  2. Je n’ose y voir de la pruderie : D’Artagnan, dans le roman, ne se gêne pas pour séduire une femme mariée !
  3. Vous remarquez : je n’ai pas écrit « en même temps »…
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