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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Road Movie, #Denis Imbert
Sur les Chemins noirs (Denis Imbert, 2023)

 

 

 

 

1302 kilomètres.

C’est la distance totale parcourue par Pierre (Jean Dujardin), parti du Mercantour pour rejoindre la Manche.

Suite à un accident qui l’avait lourdement handicapé, Pierre avait décidé que s’il remarchait, il traverserait la France.

C’est fait. Deux mois et demi après, les « chemins noirs » sont parcourus, hors des sentiers battus, avec des rencontres parfois, mais surtout une compagnie qui peut aussi se révéler encombrante : son passé.

 

Et c’est vrai que ce passé fantasque est encombrant puisque c’est lui qui l’a amené sur ces chemins plus ou moins escarpés où on ne rencontre que des gens comme soi, qui fuient. Qui ? Quoi ? La vie, tout simplement.

N’ayant pas lu Tesson, je ne pourrai pas dire qu’il s’agit d’une bonne adaptation de son livre, même si mon ami Thierry en est ressorti enchanté. Toujours est-il que j’ai aussi passé un moment très agréable avec cet homme qui peine mais qui s’accroche, parfois un peu trop (il est épileptique, ce qui n’arrange rien).

 

Mais surtout, ce qui ravit les yeux, ce sont tous ces paysages qui jalonnent son parcours. Des pentes du Mercantour au Mont-Saint-Michel en passant par Vallon-Pont-d’Arc ou encore le franchissement de la Loire, c’est un très beau pays qui nous est montré. Où tout est encore naturel, et où même les promeneurs n’ont pas tous un téléphone sur eux. Mais ce beau pays a tout de même ses côtés plus sombres qui sont distillés subtilement tout au long du film. Les réflexions des rares personnes rencontrées lors de ses pérégrinations. Ou encore la banderole à l’entrée d’un village qui annonce qu’on y recherche un médecin… Se retirer dans des coins plus reculés a aussi ses désagréments…

 

Et puis il y a ce personnage de Pierre. Jean Dujardin est encore une fois à la hauteur de l’enjeu et on suit avec intérêt cette quête personnelle qui s’apparente à un road-movie sans en être tout à fait un. Parce que quand le périple est achevé, peut-on dire avec certitude que ce personnage a évolué ? Pas sûr du tout…

Par contre, on suit aussi avec une certaine délectation ce passé qui l’a conduit sur ces chemins noirs. Et comme tous les vrais souvenirs, ils n’arrivent pas dans l’ordre. Ils vont et viennent dans la tête de Pierre et nous sont livrés au fur et à mesure, selon les circonstances. Ce n’est qu’une fois le dernier présenté qu’on peut les remettre en ordre et évaluer les implications de cet accident, ô combien bête (1).

 

Bien sûr, cela ressemble à une ode à la liberté, comme le soulignent souvent les mots de Tesson que Dujardin dit avec beaucoup d’intensité. Mais on ne m’ôtera pas de la tête qu’il y a aussi une grande part d’égoïsme dans cette vie au grand air. C’est ce qui transparaît dans ses rapports avec deux femmes : sa sœur (Izïa Higelin) et sa compagne (occasionnelle (Joséphine Japy). On sent poindre dans leurs remarques l’égoïsme latent de cet homme en reconstruction.

Alors après tout ça, j’en arrive à me demander si les gens de Première sont allés voir le même film que moi : « […] Dujardin (qui) en fait des tonnes sur le mode de “l’écrivain-aventurier” hemingwayen à cigares et regards noyés dans l’horizon, (qui) s’abandonne à des aphorismes de haute volée, cite Thoreau au coin du feu, éconduit poliment des bergères émoustillées par son érudition virile, bref, se la joue ».

Où sont-ils donc allés chercher tout ça ?

 

  1. Si les accidents sont rarement intelligents (autrement, ce ne seraient pas des accidents), celui-ci est franchement idiot. Son degré de bêtise est à la hauteur de celui de sa gravité.

 

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