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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #René Hervil, #Louis Mercanton, #Sarah Bernhardt
Mères françaises (René Hervil & Louis Mercanton, 1917)

Eté 1914. La vie s’écoule paisiblement dans ce petit village français administré par l’ex-commandant d’Urbex (Georges Deneubourg), officier de réserve, dont le fils (Jean Angelo) a repris le flambeau militaire. Leur propriété est exploitée par les Lebroux, dont la fille Marie (Louise Lagrange) est la filleule de Mme d’Urbex (Sarah Bernhardt). Marie est fiancée à l’instituteur Guinot (Gabriel Signoret), un pacifiste convaincu.

Mais voilà : l’archi-duc (François-Ferdinand d’Autriche-Este, qui n’apparaît pas dans le film) a été tué à Sarajevo et la mobilisation générale est décrétée le 2 août. Tous les hommes sont donc envoyés au front.
Les femmes, elles, restent aux champs ou deviennent infirmière, comme Jeanne d’Urbex.

 

Une fois n’est pas coutume ici, voici un film de propagande français tourné pendant la première guerre mondiale. Mais à la différence de ceux qui nous présentent des soldats qui partent à l’assaut d’une tranchée adverse, celui-ci va resserrer son intrigue autour des différentes femmes entrevues avant la guerre. Rassurez-vous, cela ne nous empêche pas d’avoir quelques images de guerre – la vraie, celle où on ne se relève pas et quelques éléments du front, dont un assaut que nous ne verrons pas se terminer.

Ces femmes ont du courage, et c’est avant tout ce que veut montrer le film. Pour une fois qu’on nous montre autre chose que des soldats qui s’étripent joyeusement, ne boudons pas notre plaisir. Sauf que.

 

Sauf que ce qui ressemblait à une bonne idée (pour nous spectateurs du XXIème siècle) n’en est pas une. Nous sommes bien loin de la dénonciation de ce conflit meurtrier par Abel Gance (l’année suivante) : certes les hommes meurent, mais c’est avant tout pour le salut de leur pays, la France. Même madame d’Urbex, qui se retrouve seule au monde ne peut (ni ne veut) céder à la colère comme la mère de Guinot : si les hommes de sa vie sont morts, c’est pour le bien du pays !

Bref, nous sommes en pleine glorification de cette guerre (inutile, comme toutes les autres), avec en point d’orgue un final ultra patriotique avec Marseillaise triomphante tandis que s’affichent sur l’écran ces mots :

« Pour que les mères françaises n’aient plus à souffrir, il faut que la France fasse encore la guerre : la guerre à la guerre ; et que l’aube des paradis futurs s’allume à l’éclaire des baïonnettes françaises. » On ne peut pas être plus clair.

Oui, ce film est une mauvaise idée parce qu’en plus de justifier le massacre en cours, il va à l’encontre des mentalités à ce même front : 1917 sera l’année du ras-le-bol et des mutineries. Nous serons alors bien loin de ces idées « généreuses »…

 

Reste malgré tout l’occasion pour le spectateur de voir sur l’écran l’immense Sarah Bernhardt. Certes, son amputation l’a fortement diminuée et ses diverses apparitions sont bien statiques. Mais on retrouve malgré tout son jeu grandiloquent (1), dans un rôle sur mesure : elle interprète une femme avec une immense grandeur d’âme et une générosité qu’on ne retrouve pas toujours dans sa caste…

Et puis ? Et puis c’est tout. Le final grandiloquent (avec la musique que vous savez) est des plus affligeants, surtout pour le personnage de Guinot : aveugle, il est assis à côté de Jeanne d’Urbex qui enseigne aux enfants la maxime énoncée plus haut.

Pouah !

 

  1. Un tantinet exacerbé, c’est le problème des gens de théâtre devant une caméra à cette époque…
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