Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Dorothy Arzner
Merrily we go to Hell (Dorothy Arzner, 1932)

 

Une fête, un soir.

Jerry Corbett (Fredric March), ivre, croise Joan Prentice (Sylvia Sidney), riche héritière. C’est, malgré l’ivresse, le coup de foudre, Jerry répétant à l’envi que Joan est géniale (« swell »). Ils se fréquentent et décident de se marier, malgré les écarts alcooliques de Jerry. Et d’ailleurs, une fois le mariage consommé, Jerry ne touche plus une goutte d’alcool, plongé dans l’écriture d’une pièce de théâtre. La pièce va se monter, avec pour le rôle principal la belle Claire Hampstead (Adrianne Allen). Revoir la belle actrice ranime la flamme qui s’était éteinte et son penchant pour l’alcool…

 

Oui, nous sommes en 1932 et deux évidences s’imposent à nous : le Code Hays n’est pas encore en vigueur, et surtout la Prohibition n’est pas encore terminée. Et c’est surtout ce deuxième point qui est étalé tout le long du film : tout commence à une beuverie où Jerry est un participant très actif. Bien sûr, depuis 1919 et le Volstead Act, l’alcool est interdit partout aux Etats-Unis, mais nous sommes en fin de période de restriction et les conduites se relâchent, le cinéma devenant un relais de l’opinion publique qui en a assez de cette loi prohibitive qui n’a réussi qu’à une chose : les gens boivent plus qu’avant ! Cette lassitude s’exprime aussi par l’absence totale de police tout au long du film. On en vient presque à se demander si l’intrigue ne se déroule pas avant 1919. Mais ce n’est pas le cas : il n’y a aucune référence à la Première Guerre mondiale.

Autre source de scandale du film : la débauche. Comme je l’ai dit plus haut, le Code Hays est encore dans les cartons, et si les baisers sont surveillés (1), c’est bien la seule chose. Certes, aucun corps nu ne s’étale à notre regard comme dans le cinéma français de la même période, mais certaines séquences de fête sont sans équivoque. Seuls les habits que les différents protagonistes ont gardés sur eux nous empêchent d’assister à une partie fine.

 

Mais nous sommes au cinéma, et surtout chez Dorothy Arzner, l’une des (trop) rares femmes cinéastes de la période. Et on trouve chez elle des très beaux rôles féminins, des femmes fortes malgré les situations qu’elles endurent. C’est le cas ici de Joan Prentice, interprétée par une Sylvia Sidney toujours impeccable, encore une fois dans un rôle intéressant et peu décoratif : c’est elle qui mène l’intrigue, montrant (beaucoup) plus de caractère que son partenaire, lui aussi tout de même à la hauteur des enjeux. Sans oublier les autres interprètes qui, de par leurs performances font encore plus ressortir le talent du duo vedette (2).

Trois d’entre eux ressortent d’ailleurs : outre Adrianne Allen en femme fatale, on trouve un couple truculent composé de deux alcooliques mondains qui ont un effet bénéfique sur l’intrigue et donc Joan et Jerry, Vi (Esther Howard) et Buck (Richard « Skeets » Gallagher).

Notons au passage l’apparition d’un jeune acteur, bientôt en tête d’affiche, en la présence de Cary Grant qui interprète un ami de Joan.

Cet « ami » est d’ailleurs un autre point de départ de scandale : Jerry, en retrouvant Claire va instituer une relation fort inhabituelle entre les deux époux. En effet, pendant que lui s’affiche sans vergogne avec son ancienne fiancée, Joan en fait de même avec d’autres hommes, donnant une drôle de modernité à cette intrigue bien loin de la relation de fidélité annoncée et promise lors de leur mariage.

 

Au final, un film d’une très grande modernité où les femmes sont à l’honneur : Cleo Lucas, dont l’œuvre I, Jerry, take thee, Joan est la base du scénario d’Edwin Justus Mayer,  Sylvia Sidney pour son interprétation toute en justesse (2) de Joan Prentice et bien sûr Dorothy Arzner pour son traitement lui aussi très juste de la condition de cette femme.

A voir.

 

PS : le titre est la transcription d’une phrase répétée plusieurs fois par Jerry devant un verre. Si elle annonce qu’on s’en va vers l’enfer joyeusement, elle n’est qu’une invite à la boisson.

Encore qu’on peut aussi comparer l’évolution du couple comme une marche inexorable vers l’enfer…

 

  1. Un code de bonne conduite, préambule de celui de l’infâme William, limitait le temps des baisers à l’écran.
  2. J’en ai déjà parlé plus d’une fois ici, la dernière, c’était LA.
  3. Et ses yeux magnifiques, aussi…

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog