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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #John Emerson, #Douglas Fairbanks
Douglas dans la Lune (Reaching for the Moon - John Emerson, 1917)

« Douglas dans la Lune ».

Vous imaginez bien ma déprime quand j’ai découvert le titre français de ce film de John Emerson, Reaching for the Moon (1).

Surtout qu’une séquence (brève) d’introduction nous montre Douglas Fairbanks sur un escabeau tenant d’attraper l’astre nocturne.

Je ne sais pas qui a dit pour la première fois Traduction=Trahison, mais il devait connaître les traducteurs du cinéma français…

 

Quoi qu’il en soit, nous retrouvons Douglas Fairbanks dans une comédie un tantinet absurde (comme d’habitude, j’aurais tendance à dire…), où il est Alexis César Napoléon Brown (2), fils d’une femme morte en couche qui avait quitté la Vulgarie (« Vulgaria » en VO), le laissant avec ses trois prénoms prestigieux (3).

Alexis travaille chez Mr. Bingham (Richard Cummings) qui fabrique des boutons. Mais cet emploi ne le satisfait pas : il aspire à de grandes choses.

Alors quand le premier ministre de Vulgarie, Sergius Badinoff (Eugene Ormonde) lui propose le trône vacant du pays, Alexis saisit sa chance et part pour cet état lointain.

Bien sûr, cet état n’est rien d’autre qu’un pays d’opérette où  les méchants sont facilement identifiables, et en particulier leur chef, Boris le Noir (Frank Campeau), qui ne rêve que d’une chose : la couronne pour lui, et ce malgré ses sollicitudes fausses.

 

Douglas Fairbanks, ici, est encore dans la construction de son personnage : ça ne bondit pas encore beaucoup, même si ça brette un peu.

Il est avant tout un idéaliste rêveur qui n’a besoin que d’une chose : garder les pieds sur terre. Mais on retrouve déjà la fougue qui ne le quittera plus. John Emerson est lui aussi au début d’une carrière prolixe (7 films) avec la future star, et comme avec Christy Cabanne ou encore Allan Dwan, on sent que le courant passe bien entre les deux hommes.

 

Evidemment, le scénario de John Emerson et Anita Loos – sur une histoire de Joseph Henabery (on est vraiment bien entouré !)– n’est absolument pas réaliste. Mais cela tombe bien : nous sommes au cinéma.

On retrouve la tendance à l’exotisme des années 1910s qui déplace cette intrigue dans un pays méditerranéen qui n’est pas sans rappeler Venise du fait de son canal. De plus, les personnages stéréotypés amènent un aspect comique indispensable dans ce genre d’intrigue : à peine débarqué dans cet état, Alexis devient la cible de conspirateurs qui, heureusement, sont très maladroits : il se fait tirer dessus sans discontinuer, et sans jamais être touché ; agressé dans les souterrains, il se défait aisément de ses adversaires…

Sans oublier un décalage là aussi inévitable entre la fonction et l’homme : Alexis, malgré ses racines, est avant tout américain et règle ses problèmes à l’Américaine, bousculant alors l’étiquette, comme dans la scène du bal et surtout son after party.

 

Cette séquence est l’occasion d’un autre moment comique : l’arrivée de la princesse Valentina (malheureusement, je ne sais pas qui l’interprète).

Promise dès la naissance au futur roi, elle se découvre lors d’un bal en son honneur. Emerson joue jusqu’au bout sur l’anonymat de cette princesse, retardant le plus possible son apparition.

Et l’effet est là : elle apparaît accompagnée d’une suite de laiderons dont elle est – naturellement – la cheffe : grande, maigre et aux formes peu rebondies, c’est un cauchemar pour Alexis. Cette apparition sera le début de a déchéance qui le ramènera à New York.

Par contre, je ne vous dirai pas comment tout cela se passe. Gardons un peu de mystère, que diable !

 

Décrocher la Lune (désolé, mais je préfère ce titre) est une autre de ces curiosités dont recèle le cinéma muet et dont la (re)découverte apporte beaucoup de plaisir au spectateur, montrant que le cinéma muet, ce n’était pas que des tartes à la crème et des coups de pieds au cul (4), le tout dans un rythme effréné.

 

PS : à noter la présence derrière la caméra du jeune Victor Fleming, et aux côtés de Eugen Ormonde, un autre grand, Eric von Stroheim.

 

  1. Décrocher la Lune.
  2. Notez la grandeur des prénoms associée à un nom des plus communs.
  3. Si César et Napoléon sont facilement identifiables, Alexis est le prénom du roi de Vulgarie.
  4. Ces deux éléments comiques n’étant pas non plus à bannir : Keaton Chaplin ou encore Lloyd ayant usé de ces artifices pour faire rire.
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