Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Western, #Victor Schertzinger
Le Réprouvé (Redskin - Victor Schertzinger, 1929)

Nous sommes en Arizona, aux alentours de 1918. La seule présence blanche consiste en un relais tenu par Navajo Jim (Tully Marshall), qui tire son nom de son amitié avec cette tribu indienne. Le fils du chef, Wing Foot (Philip W. Anderson puis Richard Dix) est emmené à l’école des Blancs, malgré les réticences du chef Notani (George Regas) et du sorcier de la tribu, Chahi (Bernard Siegel).

Dix ans plus tard, Wing Foot est de retour parmi les siens. Mais ses pratiques ne sont plus celles de la tribu. Et comme si cela ne suffisait pas, la femme qu’il aime, Corn Blossom (Lorraine Rivero puis Julie Carter), appartient à la tribu des Pueblos, ennemis héréditaires des Navajos.

Il est (logiquement) banni de la tribu, mais un élément va relancer sa vie, le pétrole : les Blancs sont à sa recherche et Wing Foot sait où il y en a…

 

Encore une fois, je ne peux que m’insurger (légèrement) devant la traduction du titre original, Redskin. Peau-rouge. Si « le réprouvé » correspond au statut de Wing Foot, la dimension raciale du film disparaît. Parce que le rouge est la couleur dominante du film : la peau de Wing Foot, de Corn Blossom ou encore Pueblo Jim (Noble « Ivan » Johnson), mais aussi de nombreux éléments vestimentaires ou d’ornement qui ressortent du fait de l’utilisation du Technicolor qui fait ressortir ce rouge à différents moments (même la pompe à essence du relais est rouge !). Et cette couleur de peau est centrale à ce film où les Blancs sont rares et quand ils sont là, leur rôle n’est pas obligatoirement positif : John Walton, l’enseignant des garçons va précipiter le destin malheureux de Wing Foot, et on rencontrera en plus deux prospecteurs pas très scrupuleux (euphémisme). Sans oublier les autres étudiants de Thorpe où est allé Wing Foot qui ne l’ont accepté que parce qu’il courait vite.

 

Encore une fois, on retrouve la séparation de fait entre les Blancs et les autres, avec les malheurs que cela peut engendrer. Mais les divisions sont réciproques – Chahi refuse l’aide des Blancs (la mère de Wing Foot en fera les frais) – et elles sont reproduites chez les Indiens eux-mêmes avec le conflit Navajo-Pueblo.

Quoi qu’il en soit, cette fois-ci – et c’est très rare pour l’époque, ce sont les Indiens qui ont le beau rôle et Victor Schertzinger leur rend un très bel hommage, même si on peut regretter qu’il n’y ait aucun véritable Indien dans la distribution.

Et ce dernier insiste sur le mauvais rôle des Blancs en les montrant fourbes et surtout imbéciles : leur singerie qu’ils appellent dans indienne à la réception de l’université les rend pitoyables et leur leader n’est qu’un gros jaloux raciste. Bref, pas très glorieux, tout ça !

Et une fois le film terminé, on comprend pourquoi la Librairy of Congress conserve une copie de ce film : en plus d’être un beau film, il est aussi un témoignage qui rend les Indiens véritablement humains et positifs. Sauf Pueblo Jim qui est le méchant Indien (il en faut un, quand même !). Et comme tous les méchants, il aura droit à son juste châtiment.

 

Bref, Ce Réprouvé est une très belle surprise de la fin du cinéma muet (voilà presque un an et demi qu’est sorti The Jazz Singer), et dans cette surprise, on en a une autre : Tully Marshall a un rôle positif, voire comique, surtout avec son revolver – vintage pour 1928 (1) qui fonctionne une fois sur deux les meilleurs jours…

 

PS : la séquence finale donne toute sa dimension au titre original.

 

  1. 1928 est la seule date qui apparaît dans ce film : sur la coupe remportée à la course par Wing Foot.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog