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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Western, #William A. Wellman
Robin des Bois d'Eldorado (Robin Hood of El Dorado - William A. Wellman, 1936)

Depuis la cession complète de la Californie par le Mexique aux Etats-Unis, la vie des Mexicains qui sont restés n’est pas des plus roses. Entre les brimades et les injustices, la vie est vite devenue un enfer.

C’est le cas de Joaquin Murietta (Warner Baxter) qui vient de se marier à la belle Rosita (Margo). Mais leur mariage est de courte durée : elle est violée et tuée par des prospecteurs sans scrupule qui lorgnent la terre de Joaquin, véritable réserve d’or (1).

Murietta va donc se faire justice et éliminer les criminels. Mais cette attitude est mal vue par le nouveau gouvernement de l’état et les anciens propriétaires mexicains.

Sa tête est mise à prix et on organise des battues.

Bien entendu, l’issue ne peut être que fatale pour cet homme spolié.

 

Décidément, la question d’appartenance est une idée forte dans le cinéma américain. Et Wellman couple cet aspect avec l’un de ses thèmes de prédilections, l’injustice. Parce que ce qui arrive à Joaquin est absolument injuste et sa réaction, si elle peut nous sembler excessive aujourd’hui, ne fait que refléter les façons de faire de l’époque. Et surtout, Murietta agit comme cela fut toujours le cas auparavant, quand les gringos n’étaient pas chez eux. Et il est difficile de lui donner tort quand on voit s’accumuler les différentes injustices qui l’accablent : outre sa femme qui succombe au viol collectif, c’est son frère José (Carlos de Valdez) qui est pendu dans la plus pure tradition du lynchage. On retrouve d’ailleurs dans cette séquence ce qui fera le sel de l’Etrange Incident sept ans plus tard. Ici, pas de sentiment : le frère est pendu.

 

Il est clair que le western n’a pas encore conquis ses lettres de noblesse, malgré quelques chefs-d’œuvre antérieurs déjà évoqués ici. Mais le savoir faire de Wellman donne à ce film toute la mesure de son talent. Certes, - et cela est étonnant – on sent encore l’influence du cinéma muet avec le recours à des intertitres en surimpression, de même que le rôle de Rosita qui n’est que très peu parlant. Mais pour le reste, nous sommes bien chez Wellman, et on y retrouve ce qui fait la force de son cinéma : le réalisme. Malgré le code Hays qui est en vigueur depuis bientôt deux ans quand sort le film, Wellman « ne fait pas semblant ». Les morts s’enchaînent, ou s’accumulent comme dans la séquence de l’assaut du repaire de Murietta.

Cette séquence est très certainement la plus violente du film, même si on trouve quelques éléments pas toujours très raffinés : le couteau que Joaquin plante dans la main du shérif (Edgar Kennedy) en fait partie.

 

En tout cas, Warner Baxter, avec le rôle de Joaquin se retrouve encore une fois (cette même année) dans le rôle d’un homme victime de l’injustice des autres. Mais alors que le docteur Mudd (The Prisoner of Shark Island, de John Ford), acceptait malgré lui son sort (difficile de faire autrement, me direz-vous), Murietta ne veut pas et surtout ne va pas se laisser faire.

Mais cette révolte est dérisoire : la « civilisation » est en marche et la Frontière recule : Joaquin est un homme d’un autre temps. Celui d’avant les « Americanos ». Et on retrouve cette joie de vivre initiale (celle de la séquence d’ouverture, juste avant l’arrivée d’un premier Américain qui va déclencher tout : quand Murietta et ses hommes reviennent de leurs razzias, c’est tout de suite une fiesta qui s’organise avec des chansons. Et on se rend compte alors que ses terribles bandits n’ont qu’une envie : vivre heureux tranquilles, comme ils l’ont toujours fait.

Mais comme précisé plus haut, la civilisation arrive à marche forcée et le temps des Mexicains en Californie est révolu.

Joaquin Murietta va mourir. Il n’avait même pas 25 ans (1).

 

PS : après sa mort, la tête de Joaquin Murietta fut exhibée ainsi que la main de Jack « Trois-Doigts » (J. Carroll Naish), son acolyte.

 

  1. Oui, Warner Baxter est un tantinet plus âgé que son rôle, puisqu’il va sur 47 ans quand le film est présenté. Qu’importe, son enthousiasme gomme la différence et surtout, au cinéma, tout est (presque) permis !
Robin des Bois d'Eldorado (Robin Hood of El Dorado - William A. Wellman, 1936)
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