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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Steven Spielberg, #Guerre
Il faut sauver le Soldat Ryan (Saving Private Ryan - Steven Spielberg, 1998)

C’est un homme qui avance dans un cimetière militaire, suivi par sa famille et qui s’effondre devant une tombe, bouleversé.

Et il se souvient.

6 juin 1944, opération Overlord, Omaha Beach.

Le capitaine Miller (Tom Hanks) et ses hommes posent pied sur la plage normande alors que les corps tombent inexorablement autour d’eux. Le Débarquement a commencé et les premières heures ne sont pas brillantes. Et quand le bruit et la fureur s’arrêtent, on survole les victimes dont l’une d’elles porte une musette où est écrit : Ryan S.

Les trois frères aînés Ryan sont morts au combat. Reste le benjamin, James (Matt Damon).

Le Haut Commandement, afin de ne pas accabler définitivement une mère, décide alors de sauver ce quatrième frère Ryan.

Et c’est Miller et son escouade qui partent à sa recherche.

 

En un tout petit peu plus de vingt minutes, Steven Spielberg a envoyé tous les autres films de guerre au rancart. Jamais on n’a filmé la guerre d’aussi près et surtout d’une façon tellement réaliste. Pendant toute cette séquence de débarquement, tout est montré : ceux qui tombent à l’eau ; ceux qui tombent sans être descendus du bateau ; ceux qui tombent bêtement en vérifiant l’impact de balle sur leur casque… Et ceux qui survivent. Trois possibilités alors : ceux qui continuent, ceux qui sont blessés et enfin ceux qui sont tétanisés par ce baptême du feu. S’il ne s’agissait pas d’un sujet terrible, on pourrait parler de festival visuel tant cette explosion – au propre comme au figuré – est spectaculaire. Ce sont donc une vingtaine de minutes qui s’écoulent tambour battant, les rares pauses des combattants pour faire le point ne ralentissant même pas ce rythme.

S’il ne reste, visuellement du débarquement à Omaha Beach que les 11 photos de Capa, on peut ajouter maintenant le film de Spielberg, tant le réalisme est présent dans l’opération qu’il décrit, le plus souvent filmée caméra sur l’épaule, au milieu des corps qui courent, qui tombent et qui explosent.

 

Si le sujet est a priori identique, il n’y a aucune comparaison entre Le Jour le plus long de Zanuck et celui-ci.
Car quand Zanuck, à coups de millions de dollars, réunissait une distribution prestigieuse pour tout compte fait compléter les actualités filmées (rares) de cette opération d’envergure. Le choix du noir et blanc dans ce cas-là permettait d’insérer des archives, ce que Spielberg ne fait d’ailleurs pas. Nulle image retouchée voire colorisée comme on put le voir il y a quelques années.

 

Spielberg recrée tout, et nous emmène dans une aventure – pardon, une mission – où ceux qui meurent le font réellement (1), avec le côté « boucherie » de la chose.

Le sang est partout. Dès les premières images du Débarquement, le rouge envahit l’écran et les personnages : ceux qui sont tués et qui maculent leurs uniformes ainsi que l’eau éclaboussent en même temps leurs compagnons d’arme. On a alors Miller trempé par l’eau colorée dont les gouttes rouges s’écoulent le long de son front, pendant que le massacre continue. Jusqu’au bout. Terrible. On pense alors à la chanson And the Band played Waltzing Matilda : quand « le sang a maculé le sable et l’eau. » (2)

 

Et puis il y a le haut commandement. On ne voit pas longtemps Marshall (Harve Presnell) – le big boss – mais on se rend compte alors que finalement, il y avait des êtres humains dans l’Etat-Major. Mais si Marshall a une très bonne raison de sauver Ryan (la lettre de Lincoln est un rappel pertinent), on ne peut s’empêcher de trouver un aspect cynique au fonctionnement du service qui envoie les condoléances aux familles.

C’est une vaste salle dans laquelle quelques dizaines de secrétaires tapent un courrier type, (un différent pour chacune, semble-t-il) où sont énoncées les platitudes les plus grandiloquentes à l’intention de familles qui seront effondrées par la seule lettre sans même l’ouvrir.

Alors oui, Marshall a une approche plus humaine. Mais pour un soldat Ryan sauvé, combien de fils tués ?

 

Jamais on n’a fait un film de guerre aussi magnifiquement antimilitariste.

Merci Monsieur Spielberg.

 

  1. Oui, nous sommes au cinéma, mais justement : c’est parce que le réalisme est criant que le spectateur a vraiment l'impression que ces soldats meurent pour de bon.
  2. « […] The blood stained the sand and the water »
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