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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Aventures, #James Cruze
Terror Island (James Cruze, 1920)

Harry Houdini était certainement l’un des plus grands illusionnistes américain, considéré comme Le Roi de l’Evasion. On le connaît beaucoup moins comme acteur de cinéma, même si j’en ai déjà parlé ici (1). Et fort honnêtement, ce n’est pas spécialement pour ses prouesses cinématographiques qu’on doit se souvenir de lui. Il me paraît évident que sa présence est plus une opération de promotion – pour le studio comme pour lui – qu’autre chose. Mais fort heureusement pour nous, c’est James Cruze qui est à la manœuvre.

 

La belle Beverly West (Lila Lee) est désespérée : son père (F.A. Turner) est captif de « sauvages » qui ne le libèreront que s’il rend une perle sacrée qu’il avait pillée (2). Elle se tourne alors vers Harry Harper (Harry Houdini) qui vient d’inventer un submersible bien pratique pour retrouver les trésors qui gisent au fond des mers. C’est d’ailleurs avec la promesse de retrouver la cargaison diamantaire d’un navire qu’il accepte (3). De plus, la famille de Beverly n’est pas spécialement fréquentable : entre son oncle Job Mordaunt (Wilton Taylor) et son fils Guy (Eugene Pallette), elle a beaucoup de souci à se faire.

 

Encore une fois, Houdini apparaît dans une histoire fort improbable. Nous sommes à une période où les intrigues exotiques avaient le vent en poupe, accumulant stéréotypes et préjugés, et rebondissements divers. Ici, nous avons tout cela, mais avec une restriction toutefois : il manque deux bobines (environ une vingtaine de minutes) résumées par deux intertitres. Et quand on les lit, on se rend compte qu’il manque de la matière : enlèvement, séquestration, évasion… Un festival.

Et tout ça mené tambour battant par un Houdini en pleine forme, athlétique au possible comme il nous le montre à plusieurs reprises (4). Il faut dire que c’est du sur mesure et un intertitre d’ouverture nous prévient que le magicien n’a pas été doublé pour les scènes d’action : et à ce que l’on voit, on comprend pourquoi il fût considéré comme le Roi de l’Evasion.

 

Mais à force d’accumuler les exploits, on en vient tout de même à décrocher : certes c’est spectaculaire, mais trop c’est tout de même trop. Et la maîtrise technique de Cruze ne suffit pas : outre le numéro de Houdini, on relève quelques éléments qui fleurent bon les années 1910-20, essentiellement dans le traitement des non-blancs. Entre les domestiques et les « sauvages » iliens, on retrouve les mêmes visions un tantinet racistes qui avaient cours à l’époque (5) : le serviteur d’origine asiatique est tué par l’ignoble Guy Mordaunt – il n’avait que blessé Murphy (Taylor N. Duncan) l’ami de Harper ; les Iliens sont superstitieux au possible et Harper apparaît comme l’homme blanc sauveur… Bref, du tout venant de cette époque.

 

Quant à la vraisemblance l’intrigue, on peut se demander comment un savant philanthrope tellement absorbé par son travail peut être un athlète aussi accompli, tendance lutteur de foire…

Mais c’est aussi cela le cinéma : rendre tout possible !

 

  1. L’Homme du passé (Burton L. King, 1922)
  2. C’était très courant chez les archéologues à cette période…
  3. Dans un but philanthropique : Harper est un cœur pur.
  4. Il apparaît longuement le torse nu.
  5. Qu’on ne se méprenne pas : il y a encore des gens qui pensent ainsi.
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