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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Western, #Michael Mann
Le dernier des Mohicans (The last of the Mohicans - Michael Mann, 1992)

Inspiré du roman de (James) Fenimore Cooper, il s’agit de la cinquième adaptation depuis celle de Clarence Brown et Maurice Tourneur (1920). Mais cette fois-ci on retrouve pas mal de descendants de ces autochtones américains, dont la figure emblématique Russell Means dans le rôle de Chingachgook, le père d’Uncas (Eric Schweig qui lui a des origines inuit), les deux derniers de ces fameux Mohicans.

De plus, le rôle du méchant Indien – Magua (1) – est  confié à un autre descendant, Wes Studi qui se retrouve encore une fois du côté obscur. Mais il faut avouer qu’il est toujours aussi bon, depuis que nous l’avons découvert dans Dances with Wolves deux ans plus tôt.

 

Mais reprenons.

D’un côté nous avons l’armée britannique qui se bat contre l’armée française pour les territoires américains. Entre ces deux camps se trouvent les différentes tribus indiennes qui occupent ces territoires depuis des temps immémoriaux, mais sans aucun doute bien avant ces deux armées européennes. On va alors trouver différentes tribus partagées entre les deux puissances coloniales avec, dans l’histoire qui nous intéresse, les Hurons du côté français et nos deux Mohicans du côté anglais, un peu malgré eux.

Accompagnant les Mohicans, on trouve Nathaniel « Hawkeye » Poe (Daniel Day-Lewis, avant qu’il passe à son tour du côté obscur), fils adoptif de Chingachgook et donc frère d’Uncas.

Tout commence (presque) quand un convoi doit amener Cora (Madeline Stowe, formidable elle aussi) et Alice (Jodhi May) – les filles du colonel Munro (Maurice Roëves). Attaqué par les Hurons et leur chef Magua, les deux femmes et l’officier qui les accompagne – Duncan Heyward (Steven Waddington) – sont secourus par Nathaniel et les deux Mohicans qui vont les mener au père des jeunes femmes : c’est ainsi qu’ils vont participer au conflit.

 

Nous sommes en 1757, et on peut trouver dans cette intrigue une teinte qui n’est pas sans annoncer la révolution et la guerre qui commenceront 19 ans plus tard suite à la Déclaration d’Indépendance.

L’attitude du colonel Munro, et à un moindre niveau celle du major Heyward vont à l’encontre des promesses faites, refusant de libérer les miliciens issus de la Frontière qui veulent sauver familles et fermes.

Mais cela ne reste qu’une teinte, l’intrigue restant plutôt du côté des affaires indiennes, le conflit franco-britannique devenant une partie du décor où se tient le véritable affrontement du film entre Magua et les deux Mohicans aidés de Nathaniel. Sans oublier les deux jeunes femmes qui sont l’enjeu, d’une certaine manière de cet affrontement.

 

L’intrigue principale réussit une nouvelle fois à nous faire pencher du côté des autochtones (les Natives, comme disent les Américains), n’ayant certes aucune sympathie pour Magua et ses hommes mais n’en ayant encore moins pour les Anglais lors de la dernière bataille.

Michael Mann filme ici deux grands combats totalement différents de deux manières très pertinentes : celui entre les Anglais et les Français a lieu la nuit alors que l’autre a lieu le jour, alors que les Anglais se retirent vaincus.

Ces deux choix temporels s’expliquent de deux façons :

  • visuel : un assaut d’artillerie, avec feu et fumée qui ressortent mieux la nuit, lui donnant un effet de feu d’artifice meurtrier spectaculaire ;
  • culturel : de l’autre une attaque en plein jour par les Hurons, les Indiens n’attaquant que très rarement la nuit.

Et alors que l’effet visuel du premier combat amène une distance quant aux conséquences de ces différentes salves meurtrières, le second combat est d’une grande sauvagerie, égale très certainement à la frustration et au désir de vengeance des Hurons, et en particulier de Magua, véritable méchant du film. Encore que.

 

[Attention, si vous n’avez pas lu le roman de Cooper ni vu le film, la suite révèle une partie de la résolution de l’intrigue. Passez au paragraphe suivant ou revenez quand vous l’aurez lu ou vu]

 

En effet, il y a chez Magua une logique indienne très forte qu’il est difficile à comprendre pour un occidental, comme Nathaniel l’explique à Cora. Et son combat victorieux contre Uncas se termine sans triomphe ni regard de haine. Il se finit, Magua l’a emporté, et il n’en tire, semble-t-il, aucun plaisir. Il a juste défendu sa vie contre un agresseur.

La réaction de Chingachgook, elle est compréhensible par tous : un père peut difficilement rester impassible quand son fils se fait tuer sous ses yeux.

 

Quoi qu’il en soit, Michael Mann signe ici un somptueux western, reprenant les principes de base : les grands espaces, l’Ouest sauvage, les Indiens, la Frontière, pour en faire une épopée formidable, servi par une distribution (2) au niveau de l’enjeu, le trio d’Indiens, tout comme Daniel Day-Lewis et la magnifique (encore une fois) Madeline Stowe donnent à ce film un cachet qui propulse le livre au niveau de la légende.

 

[NB : il y a toujours un décalage étonnant pour nous, spectateurs de 2019, de voir les deux chefs militaires anglais et français s’adresser l’un à l’autre de manière fort courtoise voire amicale. Eh oui, en ce temps-là, les conflits se réglaient ainsi, une fois l’assaut terminé et les blessés évacués. La guerre, ce n’est plus ce que c’était…]

 

 

PS : Parmi les acteurs qui ont contribué au film, on trouve Patrice Chéreau dans le rôle du général Montcalm (enfin un Français dans un rôle de même nationalité, ce qui n’arrive pas tout le temps), ainsi que Jared « Moriarty » Harris, un des officiers britishs…

 

  1. Wes Studi est largement plus crédible que Wallace Beery. Qui s’en étonnerait ?
  2. Prestigieuse, vous savez bien !
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