Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Frank Capra, #Bessie Love
Bessie à Broadway (The matinee Idol - Frank Capra, 1928)

Don Wilson (Johnnie Walker) est une star de Broadway : c’est un chanteur au visage noir maquillé que les femmes poursuivent de leurs lettres enflammées.

Un jour que Don est en weekend, il fait la connaissance de la troupe des Bolivar.

Suite à un quiproquo, il se retrouve engagé dans la troupe par Ginger Bolivar (Bessie Love), la fille du grand Jasper J. Bolivar (Lionel Belmore), acteur et dramaturge dont les faits d’armes remontent au temps où il joua avec Booth (John Wilkes, bien sûr).

Don est alors embarqué dans un spectacle ringard où les effets sont tellement minables qu’ils en deviennent risibles.

C’est pour cette raison que la troupe est engagée à Broadway par Arnold Wingate (Ernest Hilliard), un découvreur de talent.

Bien entendu, la pièce se révèle aussi minable à New York, mais de ce fait, elle devient un triomphe, les spectateurs assistants à un spectacle très drôle !

 

Bien entendu, tout ça c’est pour rire. Et ça fonctionne. Capra est un magicien qui arrive à nous faire rire « et dans la même seconde nous arrache un soupir d’émotion.

Il faut dire qu’il a çà sa disposition la magnifique Bessie Love, l’une des plus grandes actrices du muet, passant du registre comique au tragique sans problème ni hésitation : une actrice complète, en somme.

Il faut dire qu’elle est à chaque fois à l’aise, sans compter le propos un tantinet léger du film qui la met encore plus en valeur.

 

Ginger Bolivar est une héroïne du monde de Capra. C’est une jeune femme déterminée et forte : si son père donne son nom et ses œuvres à sa troupe, c’est avant tout elle qui commande, et d’une main de fer. Elle ne se laisse pas démonter par un bellâtre de passage, fût-il Don Wilson lui-même. Et ça tombe bien, puisque c’est lui ! Mais c’eût été le pape lui-même, son attitude resterait la même : c’est elle qui dirige et il faut se plier à sa volonté.

On retrouve dans cette héroïne ce qui fera le sel des suivantes, de Claudette Colbert à Barbara Stanwyck, pour ne nommer qu’elles.

En plus de la volonté, on retrouve une candeur et une naïveté propres à de nombreux personnages masculins de Capra : de Longfellow Deeds à John Doe ou encore George Bailey. Ce sont des idéalistes qui ne se rendent pas compte tout de suite de la méchanceté des grandes villes et n’en ont que plus de mal quand ils s’aperçoivent du rôle qu’on a voulu leur faire jouer.

Et Ginger Bolivar synthétisent ces deux types de personnages (féminin et masculin), le tout agrémenté d’un sex-appeal évident (et d’une pointe de coquinerie…) pour notre immense plaisir.

Comment ne pas tomber amoureux d’une telle héroïne qui allie la beauté à la force tout en restant fabuleusement romantique…

 

En face d’elle, on trouve un Johnnie Walker tout à fait dans le ton de cette comédie, sa prestation de chanteur à visage noir en rappelant un autre qui vient d’exploser l’année précédente : Al Jolson. On ne peut que penser au Chanteur de Jazz quand on voit Johnnie Walker imiter Jolson, voire le surpasser. Il faut dire qu’il était encore de bon ton de se moquer du cinéma parlant, avant qu’il ne se retourne contre ses détracteurs, dont Johnnie Walker faisait partie : après son avènement, Walker ne fera plus que de petites apparitions, sa voix n’ayant pas été retenue comme convenable, à tort ou à raison (1).

 

Reste un film longtemps perdu qui fut retrouvé et restauré et remonté, accompagné d’une entraînante musique de Robert Israel, autre grand compositeur de restaurations. Et c’eût été dommage de passer à côté de cette comédie qui n’est pas sans annoncer Chantons sous la Pluie : il y a une analogie entre la troupe des Bolivar et le cinéma muet, cet art parfois grandiloquent et qui est gentiment moqué dans le film de Donen et Kelly. Tous deux sont inadapté dans une nouvelle ère moderne qui  balaie tout et tous sur son passage.

 

Et en plus : c’est très drôle !

 

 

(1) Les ingénieurs du son étant tout puissants entre 1927 et 1930, certains acteurs eurent leur carrière brisée, victimes – parfois – du bon vouloir de ces personnes. Ce fut le cas pour John Gilbert, encore que ce dernier avait un ennemi mortel (terme peu galvaudé dans ce cas précis) en Louis B. Mayer.

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog