Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Victor Sjöström, #Lillian Gish, #Muet, #Drame

Huit ans après A travers l’Orage, Lillian Gish est à nouveau la proie des éléments.

Mais cette fois-ci, c’est du sur mesure : elle a choisi le scénario, le metteur en scène et son partenaire.

Comme dans la Lettre écarlate sorti deux ans auparavant, Victor Sjöström est aux commandes, et Lars Hanson son partenaire. Pour jouer le méchant, on a fait appel à Montagu Love, un habitué du genre.

Letty (Lillian Gish) débarque au Pays des Vents, chez son cousin. Celui-ci est marié, a trois enfants et une femme très jalouse. Comme Letty prend de plus en plus de place dans cette famille, elle la force à s’installer ailleurs.

Ca tombe bien, elle a rencontré un homme charmant dans le train : Whit Roddy (Montagu Love).

Sauf que ce monsieur est tellement charmant qu’il a déjà une femme. Alors en avoir une deuxième ne l’emballe guère. Il veut bien – à la rigueur – une maîtresse, mais on est au début du vingtième siècle, tout de même !

Alors elle se rabat sur les indigènes : Lige (Lars Hanson), un paysan du crû, amoureux d’elle (qui ne le serait pas ?).

Mais le mariage est bâti sur du sable (celui que le vent fait voler), alors, évidemment, il n’y a pas de quoi être heureux.

Surtout que Roddy revient…

Lillian Gish a trente-cinq ans quand sort le film. Mais qu’importe, c’est toujours une (très) jeune première. Elle est absolument éblouissante dans ce film fait pour elle. Elle expose son talent dans les grandes largeurs. Jamais elle n’a été aussi fabuleuse. Et je ne dis pas ça parce que je suis amoureux d’elle !

Et c’est le vent qui lui offre l’un de ses plus beaux rôles, sinon le plus beau. Parce que son véritable partenaire n’est pas Lars Hanson. C’est ce vent omniprésent et lancinant qui partage la vedette.

Sans cesse, Sjöström y fait référence et insère des plans de coupe où il se déchaîne. L’allégorie indienne du cheval sauvage est finement trouvée. Il y a dans ce vent une fougue et une force irrésistible. On en arrive presque à l'entendre. [Ne pas oublier de couper la bande-son, elle n'apporte rien]

Et comme le dit Lige au tout début : il rend fou, surtout les femmes.

Parce que nous sommes à une époque où les femmes sont avant tout des ménagères. Alors Letty reste chez elle, à voir et entendre le vent souffler. Même toutes portes closes, le vent fait bouger les objets en équilibre. Alors quand le vent du nord – le plus terrible – se lève, la folie qui guettait Letty, s’empare d’elle. Le visage de Lillian Gish devenant terrifiant de justesse dans cet état anormal. Avec en plus les mouvements de caméras accentuant le dérangement de son esprit.

Et comme si ça ne suffisait pas, c’est à ce moment que Roddy revient la harceler.

Mais – et c’est là que Sjöström est véritablement un maître – la confrontation entre ces deux êtres que tout oppose n’est pas formellement avérée : en effet, en proie à ce vent affolant, Letty a-t-elle vraiment vécu cette confrontation ? S’est-il réellement passé quelque chose entre Roddy et elle ? Aurait-elle pu imaginer tout ça ?

Sjöström choisit de ne pas répondre directement. C’est Lige qui a la bonne réponse : le vent enfouit tout.

Nous avons vu ce qui a pu se passer. A nous de nous faire notre opinion.

La mienne est faite…

A vous de faire la vôtre.

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog