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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Gangsters, #Woody S. Van Dyke
On lui donna un Fusil (They gave him a Gun - Woody S. Van Dyke, 1937)

1917.

Les jeunes Américains (certains) sont envoyés en Europe combattre les Allemands après avoir fait leurs incontournables classes. C’est le cas de Fred Willis (Spencer Tracy) et Jimmy Davis (Franchot Tone) qui se rencontrent et deviennent amis. Si Willis est un soldat tout à fait normal, il n’en va pas de même pour Jimmy qui est un tireur d’élite. Il va d’ailleurs s’illustrer au combat avec cette compétence. Malheureusement, il va se blesser gravement, pendant que Fred va disparaître pendant un assaut.

Rose Duffy (Gladys George), qui aimait Fred va se rapprocher de Jimmy, par dépit au début, et puis finalement l’aimer. Mais Fred revient, intact. Trop tard : Jimmy et Rose vont se marier.

Et puis la guerre se termine. Tous reviennent aux Etats-Unis : Fred dirige un cirque pendant que Jimmy s’occupe d’assurances. Mais il s’agit plutôt d’assurances que les commerçants doivent payer pour être « protégés ». Fred s’en rend compte et en parle à Rose.

 

Le film comporte deux parties bien distinctes de longueurs à peu près égales : la guerre et la vie civile. Et à nouveau, Van Dyke oppose deux hommes aux styles de vie opposés, l’un honnête pendant que l’autre est un (dangereux) hors-la-loi. (1). Et à nouveau, ce sont des amis indéfectibles, dont l’amitié aura un terme brutal, code Hays et mentalités de l’époque obligent.

Mais c’est l’assertion qui sert de titre qui est le véritable enjeu du film : le « on » dont on parle, c’est bien sûr l’armée des Etats-Unis, qui a fait de cet homme un tueur. Et le générique d’introduction nous prévient : le titre s’inscrit à la mitraillette sur un mur, laissant à penser que la guerre n’est pas le seul décor de l’intrigue.

 

Ce fusil mis dans les mains de la mauvaise personne a donné un criminel : Jimmy, une fois revenu à la vie civile, explique à Fred qu’il ne peut plus se contenter de vendre des livres, surtout après ce qu’il a vécu. Et la séquence qui le voit éliminer un à un les Allemands qui tiennent une mitrailleuse est le tournant du film : Jimmy prend plaisir à tuer « pour le bien » : son exploit permet de sauver les vies de ses camarades.

C’est bien sûr cette notion de plaisir – associée à la récompense d’être décoré – qui va amener Jimmy vers une vie de crime. Et van Dyke nous lance sur une fausse piste quand tout ce beau monde se retrouve dans la vie civile : un homme est assassiné (à coups de mitraillette, bien évidemment) alors que Fred sort d’un building. Jimmy aussi en sort, mais de telle façon qu’on prendrait plus facilement Fred pour un gangster que Jimmy, dont l’attitude est plus réservée, et semble moins assurée que celle de son ami.

Et cette séquence est l’autre tournant du film : Fred comprend que on ami n’est plus celui qu’il était. Et comme le code Hays est passé par là, ce qui n’était pas possible pour Blackie (1) l’est encore moins pour Jimmy : il doit payer pour ses crimes. Et il le fera, dans un final qui rappelle celui de M.M (1) : le châtiment est différent, mais le résultat est le même et le gangster disparaît. La morale est sauve.

 

J’ai toujours un peu de mal avec Van Dyke, et c’est très certainement dû à sa façon de travailler : c’était un réalisateur très prolifique dont le surnom « One-Take » Woody (2) lui a permis de réaliser plusieurs films dans une même année quand ‘autres avaient besoin de plus de temps.

Mais surtout, c’est le propos du film qui ne me semble pas assez abouti :

  • La guerre qui est l’élément déclencheur de l’intrigue, n’y tient pas le rôle attendu. En effet, si Van Dyke nous montre rapidement (comme toujours) ses effets, il n’arrive pas vraiment à se positionner par rapport à elle. Est-ce une infâme boucherie ou un champ d’honneur propice à e couvrir de gloire ? Nous ne le saurons pas.
  • Ce fusil qu’on donna à Jimmy aurait aussi pu être la base d’une réflexion qui ne sera évoquée qu’une fois le mal fait (par Fred), et surtout rapidement évacuée : le film touche à sa fin.

 

Reste malgré tout un film agréable où l’interprétation est de qualité : Spencer Tracy est magnifique – peut-il en être autrement – et à ses côté, le choix de Franchot Tone donne un contraste entre sa « belle gueule » angélique et le redoutable « métier » qu’il va occuper une fois la paix revenue.

Et les femmes ? Bien sûr, pendant la guerre, ce sont soit des saintes – infirmières – soit des putains – littéralement. Mais on notera une force chez Rose peu commune face à un type comme Fred, dont la délicatesse n’est pas la qualité première. Et Gladys George interprète une Rose très intéressante, dont le rôle est on ne peut plus pertinent et surtout le véritable ressort de l’intrigue : l’amour que lui vouent les deux hommes la met dans une position délicate qui va s’accentuer avec la « disparition » de Fred.

Mais c’est aussi une femme d’une fidélité (presque) sans faille (3), qui va précipiter la fin, somme toute prévisible, surtout quand on connaît la période et le cinéma de Van Dyke.

 

  1. C’était déjà le cas dans Manhattan Melodrama trois ans plus tôt entre Blackie (Clark Gable) et Jim (William Powell).
  2. Woody-Une-Prise.
  3. Encore que : mais il faut reconnaître qu’il est difficile de résister à Spencer Tracy…
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