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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Vincent Pérez
Une Affaire d'honneur (Vincent Pérez, 2023)

17 juillet 1887

Le maître d’armes français Clément Lacaze (Roschdy Zem) rencontre – amicalement – le maître d’armes espagnol Gustave de Borda (Pepe Lorente) devant le « tout Paris » (comprenez les riches Parisiens). Lacaze est vainqueur.

Dans le même temps, le jeune Adrien Lacaze (Noham Edje), neveu du précédent, provoque le colonel Berchère (Vincent Pérez) à cause de la dernière conquête du militaire. Ce dernier décide d’un duel où il tue le jeune homme.

De son côté, la féministe Marie-Rose Astié de Valsayre (Doria Tillier) demande l’abrogation d’une loi qui interdit aux femmes de porter un pantalon. Moquée, vilipendée, insultée, elle demande réparation auprès de ses détracteurs qui refusent à chaque fois : elle est une femme.

Pourtant, elle va l’obtenir son duel…

 

Bien sûr, le duel d’Astié, s’il est un moment fort du film, n’est pas le nœud de l’intrigue. Il s’agit plutôt de l’antagonisme entre Lacaze et Berchère, mais la place de la jeune femme reste toutefois centrale dans ce très beau film de Vincent Pérez.

Je l’ai souvent écrit ici, quand un acteur passe derrière la caméra, on ressent, en tant que spectateurs, une générosité envers ceux dont il faisait partie auparavant. Et ce film n’y échappe pas : l’interprétation est formidable, Roschdy Zem et Doria Tillier en tête, bien évidemment, mais tous ceux qui les entourent sont au diapason,condition sine qua non pour réussir une grande interprétation. Et pourtant, Pérez n’en est pas à son coup d’essai derrière la caméra (c’est son quatrième long métrage).

 

Et à l’instar des différents duels auxquels nous assistons, le film semble une immense chorégraphie bien réglée, au rythme équilibré et qui relève du film de cape et d’épée tout en restant très réaliste. Chacune des escarmouches est bien entendu un véritable ballet, les effets comiques en étant absolument exclus, donnant au duel sa véritable signification : une volonté de mort. Et cette volonté mortifère s’exprime pleinement dans les différents combats que va mener Berchère, véritable méchant du film. Méchant feutré et maniéré, mais méchant quand même !

Et comme un combat à l’épée au cinéma (ou au théâtre) est une affaire de ballet, le film tout entier est lui aussi réglé avec beaucoup d’équilibre et de changements de rythme : on n’a pas le temps de s’ennuyer sans être pour autant bombardé d’images plus ou moins spectaculaires. Il y a une maîtrise formidable du rythme, due aussi au montage de Sylvie Lager, qui sert pleinement l’intrigue du film.

 

Et question intrigue, ce n’était pas gagné : on se dit qu’on va assister au clou du film avec le duel entre Astié& et un homme – Ferdinand Massat (Damien Bonnard) en l’occurrence – et Pérez nous surprend complètement puisque le film est loin d’être fini à ce moment-là.

Alors on savoure l’instant et on attend avec impatience ce qui va suivre, amenant de nouveaux aspects de cette institution que fut le duel et qui perdura pendant un millénaire en France, et ce malgré différentes interdictions (1).

Parce que Vincent Pérez, et son complice cascadeur et chorégraphe Michel Carliez ont voulu nous offrir une page d’histoire du duel, à travers quelques éléments caractéristiques. De ce côté, c’est très réussi.

 

Mais le plus de l’intrigue – et donc du film – c’est le personnage de Marie-Rose Astié, se battant même à l’épée pour faire triompher ses idées. Ou son honneur. Montrant alors un courage qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’une vertu seulement virile.

Mais, et c’est là le (tout petit) bémol qu’on peut objecter quant au propos du film, comme le dit mon ami Thierry : « l’égalité homme femme, je suis pour et c’est un vrai progrès. » Mais que la femme égale l’homme dans la volonté de tuer, je ne trouve pas ça si progressiste que ça.

Et là-dessus, je ne peux que lui donner raison et terminerai en paraphrasant Christophe Alévèque à ce propos en guise de conclusion (un peu d’humour ne nuit pas) : «  Pourquoi les femmes veulent-elles absolument être les égales des hommes, alors qu’elles leur sont largement supérieures ? »

 

  1. C’est bien connu, les interdictions sont faites pour être enfreintes.
Claire-Léonie Ferdinande Tastayre (1846-1915) alias Marie-Rose Astié de Valsayre

Claire-Léonie Ferdinande Tastayre (1846-1915) alias Marie-Rose Astié de Valsayre

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