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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Christopher Nolan, #Kenneth Branagh
Oppenheimer (Christopher Nolan, 2023)

6 août 1945 : la première bombe atomique militaire explose sur Hiroshima, faisant des dizaines de milliers de victimes, sur le coup et dans les semaines qui suivent. Trois jours plus tard, Harry Truman ordonne un deuxième lâcher de bombe A sur Nagasaki, faisant les mêmes dégâts.

A l’origine de ces deux machines infernales (1), un groupe de scientifiques menés par J. Robert Oppenheimer (Cillian Murphy) qui œuvra dans le village fermé de Los Alamos (Nouveau Mexique) sur le Projet Manhattan : créer une arme suprême qui permettra (aussi) de mettre un terme à la guerre en Europe.

Le film nous raconte cette course (en tête) aux armements, ponctuée par deux autres événements : le renouvellement de l’habilitation d’Oppenheimer auprès de la Commission de l’énergie atomique des Etats-Unis, et l’audience sénatoriale qui doit valider la nomination de Lewis Strauss (Robert Downey Jr.) à un poste ministériel.

 

Impressionnant.

Christopher Nolan nous revient avec un film fleuve (180 minutes) retraçant un moment-clé de l’histoire géopolitique humaine : l’utilisation de l’arme suprême sur des civils. Cette arme n’a plus été utilisée à cette intention depuis, mais avec l’homme, on peut s’attendre à tout (2). Il faut dire que Nolan est en plein dans son élément : la science. Mais ici, il fait revivre ce programme singulier avec beaucoup de maîtrise, jouant sur la lumière et le son – normal, on est au cinéma – avec beaucoup de bonheur.

De plus, il alterne à bon escient la couleur et le noir et blanc pour conter cette histoire peu banale de celui qu’on a aussi appelé Prométhée, puisqu’il a amené le feu divin aux autres hommes (3).

 

Et malgré tout, on a du mal à le considérer comme un immense méchant, et Harry Truman (Gary « Churchill » Oldman) résume bien cette position en disant que c’est lui, Président des Etats-Unis, qui a ordonné les bombardements, et personne d’autre. Quoi qu’il en soit, la recherche scientifique de ce projet, grâce au talent de Nolan, devient passionnante, bien qu’on ressente un certain malaise – voire un malaise certain – quand le projet est mené à terme, et surtout quand on voit les réactions de cette communauté scientifique qui exulte après Hiroshima.

Et comme Nolan sait faire du cinéma, il n’a pas oublié qu’il faut un méchant digne de ce nom, et Robert Downey Jr. incarne magnifiquement ce rôle : Strauss est celui sur lequel va se déverser l’antipathie du spectateur, épargnant donc Oppenheimer, d’une certaine façon. R. D. Jr. a-t-il basculé du côté obscur (4) ?

 

Mais revenons sur les éléments visuels et sonores : régulièrement, un grondement se fait entendre, jusqu’à ce qu’on ait son explication. Et ce grondement va régulièrement parasiter les répliques des personnages, voire certaines réactions collectives, laissant Oppenheimer dans une forme de silence isolant jusqu’à l’explosion inévitable. Tout comme la première explosion (Trinity, en juillet 1945) va d’abord être une sorte de feu d’artifice diabolique et silencieux, où le temps semble s’être arrêté avant de se faire entendre et de ramener tout le monde – interprètes et spectateurs – dans la réalité de l’instant (5). On retrouvera donc ce même décalage lumière/son dans le discours qui suit le premier largage, avec la même intensité.

Quant au noir et blanc, il concerne essentiellement les autres personnages de l’intrigue, Nolan réservant la couleur à son héros : cela permet aussi d’avoir plusieurs points de vue d’un même événement, mettant en évidence le ressentir des différents personnages.

 

On sent que Nolan a eu beaucoup de plaisir à raconter cet épisode  très particulier, recréant avec justesse une époque mettant en scène des personnages plus ou moins prestigieux – on peut  même y voir Einstein (Tom Conti) à différentes reprises – interprétés avec justesse (eux aussi) et conviction par quelques pointures qu’on aura plaisir à reconnaître, ou pas !

Bref, un grand film, sur un personnage fascinant, mené de main de maître.

Que demander de plus ?

 

  1. C’est véritablement le cas de le dire.
  2. Oui, c’est aussi à ça qu’on le reconnaît…
  3. Pandore aurait peut-être été plus approprié : il a ouvert une boîte et laissé s’échapper la calamité suprême.
  4. Il n’est pourtant pas encore trop vieux pour incarner des méchants, comme disait mon ami Jean…
  5. Oui, je sais, nous sommes au cinéma !
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