Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #J. Lee Thompson, #Drame
Les Nerfs à vif (Cape Fear - J. Lee Thompson, 1962)

C’est un homme qui marche dans la ville. Il avance, malgré le trafic et pénètre dans le palais de justice pour y voir la fin d’une session. Ou plutôt un avocat dans cette session : Sam Bowden (Gregory Peck).

Cet homme au panama a été condamné à de la prison après le témoignage de Bowden. Cet homme a passé les huit dernières années de sa vie à ruminer sa vengeance. Et maintenant, il est prêt.

Il s’appelle Max Cady (Robert Mitchum).

 

Nous sommes sept ans après La Nuit du Chasseur et Robert Mitchum se retrouve à nouveau dans la peau d’un criminel des plus dangereux et surtout dérangé. Encore que. Max Cady est un homme violent avec les femmes, quel que soit leur âge. Et encore une fois, Mitchum est formidable.

On peut donc en conclure que Gregory Peck avait apprécié ce dernier dans le film de Laughton, puisque, en tant que directeur de la compagnie de production, il a fait de gros efforts pour l’avoir dans cette production.

Mais à nouveau, avoir Mitchum dans un tel rôle n’a pas beaucoup porté bonheur : le film fut un échec qui causa la fermeture de Melville Productions (1), la société de Peck.

 

C’est bien dommage que ce film fut un échec, parce qu’on y trouve une manière de filmer qui n’est pas sans rappeler celle d’Hitchcock, avec un suspense qui va grandissant jusqu’à l’affrontement final inévitable.

Outre des plans plutôt originaux pour Thompson, on retrouve la musique de Bernard Herrmann (Psycho, c’et deux ans plus tôt, et l’année suivante, ce sera The Birds), qui accentue la tension de plus en plus palpable.

 

Car si le titre original mentionne la rivière sur laquelle se passe la séquence finale, le titre français lui décrit clairement la situation dans laquelle se trouve la famille Bowden face à cet homme insaisissable et ô combien dangereux.

Et si les Bowden ont les nerfs à vif, les dernières vingt minutes permettent aux spectateurs d’expérimenter cette même sensation tant la séquence est incertaine, et surtout Cady malfaisant.

 

Car Cady va beaucoup plus loin dans la malfaisance. On assiste alors à des contacts entre Cady et ses deux victimes féminines – Peggy Bowden (Polly Bergen) et sa fille Nancy (Lori Martin) – qui ne sont pas des plus subtiles ni très recommandés par le code Hays qui était encore en vigueur. D’ailleurs, quelques minutes avaient été retirées par la censure, qui voyait Cady avoir une attitude ambiguë envers Nancy, la seule véritable victime du psychopathe.

 

De plus, le format noir et blanc ajoute de la tension, et les éclairages, tout comme les points de vue, apportent une plus forte de dose de menaces. Avec quelques fausses pistes pour nous tromper, la première se situant au tout début du film : Cady est habillé d’une tenue très claire alors que Bowden, lui, est toujours habillé en sombre. Le rapport manichéen semble inversé, mais rapidement, le spectateur se fait une idée claire de ce drôle de paroissien.

 

Ce film est aussi une occasion pour les spectateurs actuels de retrouver Telly Savalas (Charles Sievers, le détective privé) dans un de ses tout premiers rôles : non seulement il n’a pas un rôle de méchant et/ou de tordu comme ce sera le cas un peu plus tard (The dirty Dozen, On Her Majesty's Secret Service), mais en plus, il a encore ses cheveux. Et on se rend compte alors que s’il les a rasés plus tard, ce n’était pas uniquement pour se faire une image de marque tout comme Yul Brynner, mais aussi parce qu’il commençait déjà à bien se dégarnir…

 

Presque 30 ans plus tard, Martin Scorsese adaptera à nouveau  cette même histoire, avec les mêmes personnages, la même musique ainsi que les mêmes acteurs – Mitchum, Peck & Balsam (Mark Dutton le policier ami de Bowden) – mais dans des rôles un tantinet plus subalternes, l’âge ne jouant plus vraiment en leur faveur…

Vous vous doutez bien qu’encore une fois, ceci est une autre histoire…

 

 

PS : le public actuel peut trouver une résonnance de sa propre actualité à propos de la condition des femmes. Le personnage de Diane Taylor (Barrie Chase) est une femme qui a été abusée et surtout frappée par Cady. Mais sa seule réaction est de partir loin de tout ça, alors que le privé l’encourage à porter plainte. On retrouve ce même thème quand il s’agit de la famille de Bowden, montrant – déjà – qu’il n’est pas facile pour une femme de vivre après une telle expérience. Même si Diane Taylor n’est pas ce qu’on peut appeler une lady, et qu’elle ne veut pas témoigner, on doit comprendre que c’est encore plus difficile pour une femme qu’on peut qualifier de plus classique.

 

(1) Eh oui, Gregory Peck a joué Achab dans le Moby Dick de John Huston…

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog