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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Clarence Brown, #Greta Garbo, #Drame
La Chair et le diable (Flesh and the Devil - Clarence Brown, 1926)

Clarence Brown à la mise en scène, William H. Daniels à la photographie, John Gilbert et Lars Hanson , et enfin Greta Garbo !

C’est un film mythique à plus d’un titre : une nouvelle légende se crée.

 

Près de vingt ans avant Bacall et Bogart – dans Le Port de l’angoisse – nous assistons donc à un couple de cinéma qui se crée : Greta Garbo et John Gilbert.

Si Gilbert fait figure de vétéran du cinéma, sa partenaire, découverte deux ans plus tôt dans le merveilleux film de Mauritz Stiller – La Légende de Gösta Berling – fait ici sa troisième apparition américaine (1), mais surtout la première d’une série de films avec Clarence Brown, le réalisateur des femmes. C’est aussi le premier avec Daniels qui saura toujours photographier la Divine avec beaucoup de soin et surtout de talent.

La légende qui naît va durer quelques années, avec des hauts et des bas, et surtout Louis B. Mayer qui gâchera tout, poussant par la suite Gilbert vers la sortie avant son décès en 1936, à même pas 39 ans.

Mais ceci est une autre histoire.

 

Ici, l’histoire est celle d’une amitié entre deux hommes qui ont grandi ensemble : Ulrich (Lars Hanson) et Leo (John Gilbert). Après avoir grandi ensemble, ils sont à nouveau réuni pour leur service militaire où ils vont même jusqu’à partager les corvées.

Inséparables.

Jusqu’au jour où lors d’une permission, Leo remarque une très belle femme : Felicitas Raden (Greta Garbo). Il la retrouve au bal et l’invite : c’est tout de suite l’amour fou entre eux deux. Mais la belle est mariée, et quand les amants sont surpris, Leo est provoqué en duel par le mari (Marc McDermott).

Le comte Raden tué (2), Leo doit s’exiler, laissant la belle Felicitas aux bons soins de son ami Ulrich.

Trois ans après, quand il revient, c’est pour voir que Felicitas a épousé Ulrich.

Mais ils s’aiment encore…

C’est donc un film sulfureux qui nous est exposé : un amour fou qui en arrive à toutes les extrémités, et donc une histoire qui se termine mal.

 

Ca commence comme une comédie, avec une série de gags qui plante le décor et nous fait connaître les personnages, dont l’un d’eux va devenir important dans cette histoire dont il n’est pas un protagoniste : le pasteur Voss (George Fawcett), qui sera toujours au mauvais endroit et au mauvais moment.  Du point de vue des deux amants s’entend.

Ce qui frappe le plus quand on (re) voit ce film, c’est la photographie de Daniels, et dans une majeure partie la caméra mobile. Brown réalise ici son film le plus inspiré (en attendant les autres qui viendront dès l’année suivante), utilisant absolument toutes les ressources de la caméra.

 

Ce sont des travellings, des gros plans qui retiennent l’attention sur des détails (3), et même une caméra subjective quand Ulrich tient en joue son ami.

Les points de vue sont absolument merveilleux, dont la main de Raden qui enserre les amants découverts, ou encore les surimpressions du visage de Felicitas pendant que Leo rentre d’Afrique, ce visage apparaissant en alternance avec le prénom dont l’écriture se greffe même à la perspective des roues du train…

C’est absolument éblouissant.

Sans oublier le souci constant de Brown de jouer avec l’ombre et la lumière. La (deuxième) rencontre entre les deux amants se fait au bal, où Leo invite la belle à danser, la caméra suivant leur évolution sur la piste jusqu’au moment où ils sortent sur la terrasse, dans l’ombre. Vient alors la scène (4) de la cigarette. L’allumette grattée par Leo éclaire seulement leurs visages jusqu’à ce qu’elle souffle dessus, plongeant les deux visages dans une pénombre relative. Relative parce que l’éclairage est fait à contre-jour et nous apercevons alors leurs deux visages s’embrasser…

Magnifique !

 

Et puis il y a Garbo. Le soin qui est mis à la photographier est d’une grande précision, mettant en valeur sers yeux bleus (5), et son visage d’une grande finesse, dont on a l’impression qu’il vieillit ou rajeunit en fonction des circonstances. Et à propos d’âge, on peut s’amuser de la voir considérer Leo comme un jeune homme, alors que John Gilbert avait tout de même huit ans de plus que Garbo. Pas étonnant que Gilbert soit tombé fou amoureux d’elle : comment résister ?

Garbo est absolument fabuleuse, d’une très grande sensualité, alliée à une légère teinte de scandale : lors de la communion, elle tourne le calice que lui tend le pasteur – calice sur lequel Leo a tout juste posé ses lèvres – pour pouvoir y boire exactement au même endroit.

Pas étonnant alors que la fin soit malheureuse…

 

 

  1. Et en plus, dans la même année !
  2. Encore une fois, Marc McDermott meurt avant la fin, et encore une fois avec Clarence Brown…
  3. Comme toujours chez Brown.
  4. D’anthologie, cela va sans dire…
  5. Ses yeux clairs, le film est en noir et blanc…

 

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