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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #John Emerson, #Douglas Fairbanks, #Erich von Stroheim
Amour et Publicité (His Picture in the papers - John Emerson, 1916)

Prindle est une marque de produits végétariens dont on dit beaucoup de bien. Dans les journaux végétariens.

Par contre, on ne parle pas de Pete Prindle (Douglas Fairbanks), le fils du magnat du même nom (Clarence Handyside). Et pour cause : ce rejeton est un jeune homme oisif, incapable et plus intéressé par la boxe que les affaires. Et surtout, le régime végétarien, il en a soupé !

Mais son avenir n’est pas brillant : s’il ne réussit pas à faire parler de lui (en bien) et avoir sa photo dans les journaux (1), il peut dire adieu à son héritage : le végétarisme est peut-être contraignant à son niveau, mais il paye bien !

Pete va donc tout tenter pour se distinguer. Et bien sûr, il va y arriver.

 

Si l’intrigue est convenue et de temps un temps un tantinet brouillonne, le film n’en demeure pas moins un repère dans la filmographie de Douglas Fairbanks. C’est alors seulement son troisième film en vedette, mais c’est surtout sa première collaboration avec John  Emerson avec qui il tournera six autres longs métrages en deux ans qui le mèneront, avec l’aide aussi d’Allan Dwan au premier plan du cinéma américain. La légende de Douglas Fairbanks se met en place, mêlant comédie et prouesses athlétiques pour le plus grand bonheur des spectateurs.

 

Ici, à nouveau il est un homme de la haute bourgeoisie, un de ces jeunes oisifs qui ne savent pas trop quoi faire pour se dérider. Mais il est surtout le fils (indigne) du roi du végétarisme : dès qu’il le peut, il s’en va déguster d’immenses steaks !

Cette opposition paternelle est un des thèmes du film et s’exprime par une conduite à l’opposé des valeurs prônées par le vieil homme. Dans le même temps, on découvre Christine Cadwalader (Loretta Blake) dont le père (Charles Butler) est un autre farouche végétarien, associé de Prindle. Christine, tout comme Pete a une légère tendance à rejeter le régime alimentaire paternel et préfère, au fiancé mièvre (Homer Hunt) et végétarien que son père lui a choisi, le même Pete avec qui elle s’offre quelques repas pantagruéliques et surtout bien fournis en viande.

Mais nous retrouvons la même équation : pour épouser Christine, Pete doit devenir l’héritier indiscutable de son opère, et donc avoir sa photo dans les journaux !

 

Douglas Fairbanks est donc en train de monter (et pas seulement à la façade de la maison de Christine) et on commence à trouver ce qui fera sa marque de fabrique : un personnage athlétique de la bonne société, plein de ressources qui est entraîné dans des aventures rocambolesques avec une histoire d’amour (vrai) qui se termine bien. Ici, outre les végétariens décrits ci-dessus, on trouve une bande de hors-la-loi, les bien nommés Weazels (2) dont un élément est un jeune acteur et futur immense réalisateur : Eric von Stroheim. On appréciera son personnage « différent » : il est borgne.

Bien entendu, on s’amuse autant que Douglas à suivre les pérégrinations de ce jeune homme un brin truqueur qui essaie par tous les moyens de faire parler de lui et on se dit que de tout temps, ce genre de personnage a existé.

 

Mais on se dit aussi que ce film aurait beaucoup de mal à être tourné aujourd’hui. En effet, les végétariens ne sont pas à la fête dans le film, en témoigne le personnage de Melville (le « fiancé » de Christine), qualifié de cinglé (« nut »), tout comme son hypothétique futur beau-père.

De la même façon, il faut voir ce que pense des produits Prindle le fils héritier pour comprendre que ce mode alimentaire n’a pas le vent en poupe à cette époque.

C’était un temps où on se riait de tout et de tous, mais pas toujours avec la main heureuse.

Quoi qu’il en soit, le film reste très plaisant et Fairbanks est irrésistible (même Christine se laisse prendre) et on passera sur les maladresses de l’intrigue et certains de ses raccourcis un peu limites : ça foisonne un peu trop pour les 62 minutes (seulement) que dure le film.

 

  1. Le titre original.
  2. Le mot « weasel » désigne habituellement la fouine, la belette ou tout autre personnage sournois
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