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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie dramatique, #Aki Kaurismäki
Les Feuilles mortes (Kuolleet lehdet - Aki Kaurismäki, 2023)

Bien sûr, on pense à Prévert et Kosma. Et d’ailleurs, on a bien raison.

Alors on pense à l’automne. Et là encore, on a raison.

Mais si la chanson était l’histoire d’un amour mort, ici, c’est d’un amour naissant qu’il est question.

Celui de la rencontre entre Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen). Deux solitudes sous le ciel de Finlande, alors que les saisons s’enchaînent inlassablement et nous entraînent avec ces deux protagonistes vers l’automne qui verra la résolution de l’intrigue.

Il leur faudra tout de même trois rencontres (et la moitié du film !) pour se parler, alors aller plus loin va prendre encore plus de temps. Surtout que Holappa perd le numéro d’Ansa…

Mais pas seulement.

 

Formidable.

Tout le talent de Kaurismäki, dans ce film, est de faire de cette rencontre – attendue – une histoire d’amour – attendue elle aussi – et surtout un conte de fées (1) ! Et tout dans un format minimaliste : 81 minutes (génériques compris !).

C’est superbe, c’est sobre, et en plus c’est drôle. Pourtant, ce n’est pas gagné quand le film s’ouvre : les vies des deux personnages principaux sont d’une grande banalité et surtout d’un niveau relativement bas : entre Ansa qui travaille dans un supermarché et Holappa qui dérouille du métal avec un compresseur, rien de bien folichon. Et comme en plus chacun des deux est viré de son poste pour « faute professionnelle » (2), on se demande comment on va pouvoir arriver à une issue heureuse, et surtout où va apparaître le merveilleux !

 

Mais justement, c’est dans l’accumulation que réside tout le sel de ce film. Et aussi dans le traitement du temps (pas la météo !).

L’accumulation parce que les vies des personnages est vraiment une petite vie et que les calamités s’enchaînent, les obligeant à trouver encore et toujours un nouveau travail. Que l’alcoolisme de Holappa devient un véritable problème, pour sa relation avec Ansa mais surtout pour lui-même. Mais cet empilement de catastrophes est tellement énorme qu’il en devient comique, basculant le film dans un nouveau genre totalement éloigné de ce à quoi nous pouvions nous attendre.

 

Quant au temps de l’intrigue, Kaurismäki est là encore très habile et nous balade constamment !

Comme l’annonce régulièrement la radio, la Russie est en guerre contre l’Ukraine – donc nous sommes après le 24 février 2022 – mais que ce soit dans l’habillement, les décors et les coiffures, il nous est difficile de dater les personnages. Et qui plus est, on ne voit aucune voiture de tout le film : difficile là encore de dater quelque chose. Au contraire, on pourrait se croire dans une période qui va des années 1950 à 1990 !

Seule concession à la modernité : la possession par les deux protagonistes d’un téléphone portable. Mais comme Holappa perd le numéro d’Ansa…

Mais Kaurismäki va jusqu’au bout et nous révèle même l’année de cette intrigue (3).

 

Et puis il y a le cinéma. C’est là que se termine la première sortie des deux amoureux, qui, chose magnifique (encore une fois) se quittent devant l’affiche de Brève Rencontre ! Et d’une manière générale, les affiches de film émaillent les différents décors de l’intrigue. Quand ce ne sont pas des influences (hommages ?) directes qui nous sont proposées : la première image qu’on a de Holappa dans son travail n’est pas sans rappeler celle de Gabin dans Le Jour se lève, ni la rencontre finale entre eux deux celle de Elle et Lui…

Quant au roi Chaplin, il est cité deux fois : la première de façon homonymique puisqu’il s’agit d’une ville d’Ukraine, bombardée par les Russes ; la seconde de façon très appuyée et cinématographique, concluant ce magnifique film.

 

Il va être temps que je me remette à Kaurismäki : j’ai beaucoup de retard !

 

  1. Si, si ! (je vous laisse découvrir comment)
  2. Elle ramène chez elle des produits dépassés, il boit au boulot…
  3. Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous la dire !

 

 

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