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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Jean-Pierre Améris
Les Emotifs anonymes (Jean-Pierre Améris, 2010)

Angélique (Isabelle Carré) est une jeune femme dynamique, chocolatière de formation, qui postule pour un emploi dans une chocolaterie sur le déclin.

Tout va très bien pour elle puisqu’elle est embauchée au bout d’un entretien des plus courts.

Mais c’est en tant que représentante, et non comme créatrice, comme elle rêvait.

Et comment le dire à ce patron si distant, alors qu’elle est d’une émotivité sans borne, allant jusqu’à fréquenter un groupe (1) pour se trouver du soutien, et tenter de vaincre ce qui semble être une maladie incurable ?

Et comment peut-elle deviner que derrière son apparence de patron taciturne, Jean-René Van Den Hugde (Benoît Poelvoorde) n’est rien d’autre qu’un timide maladif, suivant une thérapie pour en sortir ?

 

C’est sur cette dichotomie que se base l’intrigue – subtile – de Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband, mettant en scène ces gens qui n’osent jamais, de peur de, ou bien peut-être aussi, à moins que, enfin vous voyez ce que je veux dire, non ?

Cet état traumatisant est d’autant plus difficile à exprimer qu’il semble absolument contradictoire au métier d’acteur. Et qui plus est, réussir à en rire, voire en faire rire les autres (2).

Alors une fois le film terminé, on ne peut qu’applaudir le résultat, tant ces deux émotifs jouent juste un répertoire qui semble leur être étranger !

Et je dois en plus avouer, qu’en tant qu’ancien (?) timide, je ne peux que retrouver certaines situations vécues. Mais dans mon cas, vous vous en doutez bien, cela ne m’a pas beaucoup fait rire.

 

Quoi qu’il en soit, Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde sont absolument parfaits, avec tout de même un petit plus pour Benoît Poelvoorde, bien loin des rôles plutôt sûr de lui qu’on lui connaît (C’est arrivé près de chez vous, Les Randonneurs…). Parce que c’est bien lui la clé de voûte de l’intrigue.

Je ne veux absolument pas diminuer le talent d’Isabelle Carré, mais il faut avouer que Poelvoorde a une personnalité forte et qu’on se réjouit énormément de le trouver presque à contre-emploi. Avec ce film, il confirme qu’il n’est pas seulement un comique, mais alors un de ceux qui savent mettre de l’émotion dans leur jeu, amenant avec le sourire, parfois une larme, si vous voyez ce que je veux dire.

Et sa belle prestation dans Le grand Bain est à mi-chemin, ou plutôt un mélange bien dosé entre ce qu’il faisait avant (l’assurance) et ce qu’il montre ici (la réserve pudique).

 

Et le talent de Jean-Pierre Améris est de diriger ces deux interprètes de façon à ce qu’on croit qu’ils se dirigent eux-mêmes, ou bien que c’est le caractère très (trop ?) réservé de leur personnage qui les guide.

Et nous nous retrouvons – nous spectateurs – dans la situation de leur entourage : les employés de la chocolaterie ou le groupe de parole d’Angélique (1) qui assistent impuissants à cette histoire d’amour qui ne veut pas dire son nom, tout simplement parce que ses deux protagonistes ne savent pas vraiment lui donner ce nom. Et que quand elle s’ébauche, elle se termine aussitôt, chacun s’excusant maladroitement de cette soudaine audace tellement étrangère à leur zone de confort (3).

 

Et là réside le succès de cette belle comédie : deux interprètes de qualité soutenus par des seconds rôles au diapason (4), dans une mise en scène qui déroule d’un bout à l’autre, mettant rapidement le spectateur dans l’ambiance et du côté de ces deux malades, ne les lâchant qu’une fois le film terminé, un sourire inévitable aux lèvres.

 

  1. D’où le titre
  2. Certainement la chose la plus difficile à faire pour un comédien et /ou un acteur.
  3. Voilà que je me mets à parler comme les gens d’aujourd’hui… L’émotion sans doute…
  4. En anglais, on parle de « supporting actor/actress », pas besoin de vous traduire…
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