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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #George Cukor
Les quatre Filles du docteur March (Little Women - George Cukor, 1933)

Amy (Joan Bennett), Meg (Frances Dee), Beth (Jean Parker) et Jo (Katharine Hepburn) sont les « petites femmes » du titre original.

Elles habitent humblement dans leur maison avec leur mère (Spring Byington), et leur servante Hannah (Mabel Colcord).

Le docteur March est à la guerre : c’est le temps de la guerre de Sécession.

Ses filles, malgré les temps difficiles restent confiantes et solidaires, mettant en commun leurs différents dons pour égayer la maisonnée.

Et puis arrive le jeune Laurie (Douglass Montgomery), et avec lui un tuteur qui n’est pas dénué de charme et auquel Meg n’est pas indifférente…

 

Il s’agit de la troisième adaptation du classique de Louisa May Alcott, classique aussi grâce cette adaptation (1). Les deux premières de Butler (1917) et Harley Knoles (1918) sont très difficiles à se procurer. Une autre fois peut-être (2). Toujours est-il que cette version est surtout célèbre pour la présence de la très grande Katharine, dans un rôle qui nous permet d’admirer son immense talent : elle nous fait passer du rire aux larmes (presque) avec un vrai bonheur. Après une telle adaptation, il sera difficile de rivaliser avec une telle star.


Ce n’est que son quatrième film – le second avec Cukor, mais certainement pas le dernier – et on peut être sûr en la voyant évoluer dans ce rôle d’adolescente entre deux eaux qu’elle a « tout d’une grande », comme on dit. Elle est une Jo magnifique avec ses contradictions, sa fougue et son émotion. En effet, si Jo est ce qu’on appelle un garçon manqué (3), elle n’en demeure pas moins extrêmement sensible, et le vernis dont elle se pare pour affronter la vie, quand il craque, laisse couler beaucoup de larmes.

 

Il y a chez Jo des sentiments qui s’affrontent, qui se contredisent et qui en font un personnage au final très attachant. La famille, pour elle, est ce qu’il y a de plus important. Elle n’imagine pas que la situation au début de l’histoire va évoluer. Au contraire, même si elle aime passionnément ses sœurs, elle ne les imagine pas s’en aller un jour, une fois l’amour trouvé. Bien au contraire, et elle voit d’un mauvais œil l’intrigue entre Meg et John Brooke (John Lodge), le tuteur de Laurie, car elle remet en cause l’équilibre de la maison March. Ou plutôt elle remet en cause sa propre vision de l’équilibre de la maison : la mère autour de laquelle gravitent les vies de ses quatre filles, le tout bien entendu dirigé par Jo elle-même !

 

Bien entendu, elle ne l’avouera jamais, et quand les coups durs s’accumulent, elle paraît la plus forte, à peine dérangée de couper ses cheveux pour payer le voyage de sa mère, se riant de son action, orgueilleuse « en diable. Mais dans l’intimité, encore une fois, le vernis craque et les pleurs ne se tarissent pas. Pourtant, au moment le plus tragique, à la mort de Beth, elle est réellement la plus forte : pas une larme, mais surtout parce qu’elle croit à une vie meilleure au-delà pour cette sœur toujours malade et fragile. Trop fragile pour un monde aussi difficile.

La mort de Beth reste un des sommets du film : il y a un calme et une félicité chez Beth qui la fait partir doucement, presque dans un soupir.

 

Le traitement de cette mort a quelque chose de différent : c’est la deuxième fois que Beth aperçoit ses oiseaux sur le rebord de la fenêtre. Mais si la première fois, l’image était bien nette et les oiseaux chantaient gaiement, lors de cette deuxième prise, l’image est de piètre qualité, usée comme l’est l’organisme de Beth. Et quand les deux oiseaux s’en vont, l’image se fixe, laissant l’encadrement de la fenêtre vide : l’âme de Beth a rejoint ses compagnons.

Et si Jo ne pleure pas à la plus grande tragédie de sa vie, c’est avant tout parce qu’elle a compris que Beth serait mieux où elle l’est, et surtout qu’elle est restée au plus profond de son cœur.

 

La mort de Beth, enfin, c’est le moment où Jo passe de l’autre côté et se considère adulte. C’est elle qui console sa mère et de ce fiat prend sa place.

Et le professeur Bhaer (Paul Lukas) ne s’y trompe pas : quand il va visiter Jo chez ses parents, il ne parle que de la maison de Mademoiselle March, et qu’elle reçoit ses invités.

Elle est le nouveau pilier de la maison, celle qui soutient et qui rassemble. Et il en sera toujours ainsi, car Jo n’imagine pas une seule seconde qu’ils pourraient l’abandonner.

 

 

  1. Ainsi que les autres : Mervyn LeRoy (1949) et Gillian Armstrong (1994).
  2. Ou pas.
  3. C’est donc une fille réussie !
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