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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Frank Borzage, #Muet, #Drame

Nous assistons ici à la création d’un couple de cinéma formidable : Janet Gaynor et Charles Farrell. Ils tourneront quelques chefs-d’œuvre ensemble, avec Borzage (Lucky Star, Steet Angel).

Pourtant, voici un film de paradoxe.

Chico (Charles Farrell) est égoutier. Son rêve, monter à la surface et être nettoyeur de rue.

Diane (Janet Gaynor) habite à l’étage avec sa sœur. Cette dernière – Nana, ça ne s’invente pas – la maltraite (fouet, strangulation). Alors, évidemment, son vœu, c’est de descendre pour échapper à cet enfer.

Mais même en bas, Nana poursuit sa sœur et la violente. Mais Chico s’interpose et va la sauver. Malgré tout, la police s’intéresse à elle, et pour la préserver, Chico – qui agit plus vite qu’il ne réfléchit – déclare au policier qui veut l’emmener qu’elle est sa femme. Mais les policiers ne sont pas dupes, il y aura enquête. Diane va donc aller vivre chez Chico, le temps que l’enquête soit terminée.

Chico, alors qu’il travaille sous terre habite le dernier étage d’un immeuble (le sixième), et vit, par conséquent, près des étoiles. Si ce n’est pas le paradis, ça s’en rapproche… C’est d’ailleurs cet appartement qui va donner le titre original : le Paradis du septième. Alors, pourquoi septième, alors qu’il habite au sixième ? Tout simplement parce que les Américains comptent les différents niveaux d’une bâtisse. Le rez-de-chaussée étant le premier, Chico habite bel et bien au septième.

Mais une fois le détective passé et l’enquête classée, Chico veut bien que Diane reste chez lui… Mais il ne sait pas dire les mots qui conviennent. Parler d’amour ? C’est trop bête. Il aime Diane, mais ne sait le dire.

Il faudra alors un deuxième paradoxe : la guerre. C’est la guerre, l’opposée de l’amour qui lui fera dire qu’il l’aime. La déclaration de guerre sera le grand moment de leur amour : Chico trouve les mots pour le dire et le carillon marque l’heure paradisiaque (suprême, dit le titre français). Et comme nous sommes toujours dans le paradoxe, c’est alors qu’ils se sont trouvé »s qu’ils doivent se séparer.

Puis, c’est la guerre. Pas de tranchée. Une guerre de mouvement : l’épisode des taxis de la Marne. C’est le défilé des taxis. On comprend que les Allemands aient été repoussés !

Puis, la guerre s’installe. Diane travaille à l’effort de guerre pendant que Chico se bat.

Mais Diane et Chico se retrouvent en pensée, chaque jour à l’heure du bonheur (onze heures).

Et puis le drame éclate. Et c’est le jour de l’Armistice (nouveau paradoxe) qu’elle apprend que Chico est mort. Ce jour de fête devient un jour de malheur.

Mais nous sommes dans une comédie. Et Chico revient, aveugle. Et c’est précisément quand il revient, qu’il est aveugle qu’il voit clair : lui qui se croyait abandonné de Dieu (« monsieur Bon Dieu », en français dans les titres) n’est pas seul. Diane est là et sera toujours là.

De cette histoire d’amour scandaleuse (une femme et un homme vivent sous le même toit alors qu’ils ne sont pas mariés !), Borzage peint une magnifique romance (et puis nous sommes en France, un pays dépravé, tout le monde sait cela). Janet Gaynor et Charles Farrell sont vraiment sur la même longueur d’onde et montrent une complémentarité qui ne se démentira pas dans les films suivants. Elle – faible, fragile et aimante - lui – fort, fruste mais malgré tout amoureux – forment un duo magnifique.

Enfin, il est clair que Michel Hazanavicius a bien apprécié ce film puisqu’il emprunte une scène pour the Artist : Diane enfile la veste de Chico et se laisse enlacer par les deux manches, substitut de ceux de Chico absent.

 

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