Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Olivier Dahan
Simone, le Voyage d'une vie (Olivier Dahan, 2022)

Cinq ans après sa mort, voici – enfin – un film qui met (encore plus) en lumière celle qui fut l’une des plus grandes dames françaises du XXème siècle : Simone Veil (Elsa Zylberstein & Rebecca Marder). De sa déportation à Auschwitz à son dernier mandat de ministre de la Santé, en passant par les élections européennes de 1979, sans oublier son magnifique combat pour l’IVG, c’est toute la vie d’une femme singulière, rescapée de l’enfer et qui va passer une grande partie de sa vie pour les autres : les femmes, bien sûr, mais pas seulement.

Nous allons donc la suivre dans ses souvenirs pendant presque toute sa vie, de son enfance – heureuse – à son retour à Auschwitz pour les 60 ans de la Libération du camp, avec ses joies et surtout ses peines, ses moments de découragements, mais aussi ses luttes humaines, humanitaires et humanistes.

Oui, une très grande dame.

 

Dahan, dès la séquence d’ouverture, entre dans le vif du sujet en nous présentant la lutte âpre qu’elle dut mener pour faire voter la légalisation de l’IVG (1974), alors qu’elle est toute nouvelle ministre de la Santé. Et comme ce fut le cas alors, c’est un déferlement de bêtise et de préjugés qui viennent heurter nos oreilles, fruit des élucubrations de misogynes complètement en décalage non seulement avec leur époque mais aussi avec le propos : quand est-ce que les hommes vont définitivement laisser les femmes disposer librement de leur corps ? C’est donc un incroyable bal des aigris qui sous couvert d’un mandat électif vont s’acharner – pas trop longtemps pour nous, heureusement – contre cette femme qui a en plus, selon eux, le défaut d’être juive. C’est absolument abject, mais heureusement, elle a tenu bon et une partie de ces détracteurs, hypocrites, ont tout de même voté sa loi.

 

Il était (presque) naturel de commencer le film par cet épisode tant il est symbolique pour la société française comme pour sa principale protagoniste : si Simone Veil est entrée dans l’Histoire – et au Panthéon – c’est avant tout pour cet exploit. Mais la réduire à cet épisode serait faire bien peu de cas de son parcours ô combien admirable (1). De Drancy à Bruxelles, elle ne cesse de porter plus loin ses combats, participant même à différents ministères, et toujours avec en toile de fond cette expérience traumatisante que fut la déportation et que chacun de ses adversaires va lui rappeler inexorablement.

Et la force du film d’Olivier Dahan, c’est de prendre le point de vue de son héroïne, égrenant ses souvenirs à mesure qu’ils lui reviennent en tête. Alors évidemment, ils ne sont pas dans l’ordre et surgissent de sa mémoire pour nous être montrés dans toute leur dimension, malheureusement essentiellement tragique.

 

Bien sûr, Elsa Zylberstein est une Simone Veil superbe, digne (et tout et tout) comme il sied à une telle personne, mais c’est pour ma part Rebecca Marder qui m’a le plus impressionné : sa ressemblance avec la jeune Simone Jacob (son nom de naissance) est époustouflante (2). On a vraiment l’impression de voir revivre la jeune femme dans son enfer concentrationnaire.

Ces deux actrices rendent une image de madame Veil des plus authentiques. On revit ce qu’elle a pu subir dans toute sa (belle et longue) vie. Mais encore une fois, ces actrices sont formidables parce que celles et ceux qui les entourent le sont aussi. De Mathieu Spinosi & Olivier Gourmet (Antoine Veil) à Elodie Bouchez (Yvonne Jacob, mère de Simone) en passant par Esther Valding & Sylvie Testud (Marcelline Rozenberg), ce sont des personnages et personnalités qui ont une immense place dans la vie de cette femme hors du commun : chacune d’entre elles lui a apporté la vie et le courage de l’affronter.

 

Bref, un film indispensable pour comprendre qui fut cette femme extra-ordinaire, cette rescapée des camps qui va finir au Conseil Constitutionnel, avant d’être la cinquième femme à entrer au Panthéon.

 

  1. Que les choses soient claires. Je n’ai pas obligatoirement les mêmes positions politiques que cette grande dame, mais je ne peux que m’incliner devant son œuvre.
  2. Il fallait tout de même 4 heures de maquillage pour y parvenir…
Simone Jacob ép. Veil (1927-2017)

Simone Jacob ép. Veil (1927-2017)

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog