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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Cecil B. DeMille, #Oscar Apfel
Le Mari de l'Indienne (The squaw Man - Cecil B. DeMille / Oscar Apfel, 1914)

L’Indienne (1), c’est Nat-U-Ritch (Red Wing*), la fille de Tabywana (Joseph Singleton), le chef des Utes.

Son mari donc, c’est James Wynnegate (Dustin Farnum), un aristocrate anglais accusé (faussement) de détournement de fonds et qui est parti faire fortune aux Etats-Unis pour échapper à la justice.

Mais même dans l’Ouest américain (encore sauvage), on côtoie aussi des hors-la-loi. Ici, c’est Cash Hawkins (William Elmer), que finalement Nat-U-Ritch tuera, amenant la tragédie finale.

 

Il s’agit du premier film officiel tourné par Cecil B. DeMille, en partenariat avec Oscar Apfel, déjà un vétéran du cinéma (en trois ans, il a tourné presque 50 films), qui souhaita réaliser ce film avec ce novice.

Il s’agit aussi du premier** long métrage tourné à Hollywood où, loin de la côte ouest, l’influence de la Motion Picture Patents Company se fait moins sentir.

Et comme nous en sommes aux premières, il s’agit aussi de son premier western, la plus grande partie de l’intrigue se situant dans l’Ouest.

 

Si le film a un côté naïf, il faut avant tout le porter au compte de DeMille qui fait ses premiers pas dans la réalisation, bien guidé par son aîné (qui n’a que trois ans de plus que lui).

On y trouve déjà la teinte morale voire moralisatrice qui perdurera dans tous ses films.

Quant à l’aspect western, on n’en est qu’aux balbutiements ici, loin de l’image romantique que pourront lui donner John Ford ou Howard Hawks pour ne citer qu’eux.

 

Malgré le rôle important de l’Indienne dans l’intrigue, on ne passe pas à côté des stéréotypes aux relents racistes qui mettront beaucoup de tempos avant de disparaître des écrans.

En effet, les Utes sont avant tout dépeints comme des êtres peu évolués, superstitieux et naïfs, prêts à tout pour de l’eau-de-feu (voir la scène entre Cash Hawkins et Tabywana).

Et la présentation de James Wynnegate – qui se fait maintenant appeler Jim Carston – aux Indiens tient plus  de la caricature que d’autre chose : les Indiens dansent en rond (et un peu n’importe comment) autour de lui, affublés de coiffures qui, si elles sont indiennes n’ont pas vraiment de signification.

De même quand Jim est malade, l’homme-médecine vient… Exécuter quelques pas de danse afin d’invoquer les esprits.

C’est plutôt pitoyable.


Revenons sur l'intrigue.

Il y a (encore) quelque chose de gênant dans cette histoire : le mariage de Jim et Nat-U-Ritch.

En effet, Jim vit avec Nat-U-Ritch une union libre, et ce n’est que quand il s’aperçoit qu’elle attend un enfant de lui qu’il se décide à l’épouser.

Cette séquence nous permet d’ailleurs de voir l’état d’esprit des hommes de l’ouest quant aux relations interculturelles. Le juge de paix (J.G. Harper)  que Jim va chercher refuse dans un premier temps d’unir les deux amants. Ce n’est que menacé par le canon d’un pistolet qu’il accepte d’officier.

Nous arrivons alors au cœur du problème. Si Nat-U-Ritch n’avait pas été enceinte, il y a tout de même peu de chances que Jim eût voulu l’épouser : il serait donc normal d’avoir une relation avec une Indienne en dehors du mariage ? Est-ce vraiment de l’amour qui unit Jim et Nat-U-Ritch ?

 

Un dernier mot enfin sur l’issue*** du film : la mort de Nat-U-Ritch laisse tout de même un peu d’amertume au spectateur actuel. La mort de l’Indienne est tout de même bien providentielle.

 

 

* de son vrai nom Lillian St Cyr, avait des origines indiennes

** Message au professeur Allen John : je sais, ce n’est pas vrai ! Mais les légendes sont tenaces !

*** tragique, je l’ai déjà dit

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