Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #Charles Chaplin
Mam'zelle Charlot (A Woman - Charles Chaplin, 1915)

Une famille un après-midi.

Pendant que maman (Marta Golden) et fifille (Edna Purviance) font la sieste, Papa (Charles Inslee) rencontre une charmante demoiselle à qui il veut offrir un verre.

C’est ce moment que choisit notre vagabond (Charles Chaplin) pour apparaître, ravissant l’attention de la jeune femme, amenant le début des hostilités.

 

Chaplin continue son aventure à la Essanay (plus que six films), continuant ses expérimentations grâce au format court-métrage. A nouveau, il endosse un rôle féminin (1), ici justifié par une tenue fort peu correcte : il a perdu son pantalon dans l’affrontement qui l’oppose au père et à son ami (Billy Armstrong).

C’est aussi une occasion (rare) de voir Chaplin sans sa moustache (une jeune femme en a rarement une), et le montage insiste fortement là-dessus puisqu’on a plusieurs gros plans de son visage glabre (2) : la transformation est époustouflante, accentuée par la couleur des yeux de Chaplin. En effet, le maître avait les yeux bleus et ils donnent alors à son visage une douceur que n’aurait peut-être pas amenée une autre couleur (3).


Si l’intrigue est à nouveau un tantinet légère et répétitive (par rapport à ses autres films), c’st bien la transformation qui donne tout son sel au film.

Il faut dire qu’il campe une « demoiselle » avec beaucoup de bonheur : à aucun moment il n’outre son jeu, restant – comme toujours – dans un registre subtil. On y voit confirmé la part féminine de son personnage qui continuera de se développer dans ses films suivants amenant parfois de beaux moments comiques (4).

 

Mais cette féminisation du  personnage amène aussi des situations fort incongrues pour l’époque, voire ambiguës !

En effet, alors qu’il a revêtu un tailleur qu’il est maquillé, Edna l’embrasse sur les lèvres !

Plus tard, ce sont ses deux ennemis qui, voulant l’embrasser sur la joue en même temps se feront un autre baiser sur les lèvres !

Bref, deux baisers homosexuels – dans le sens premier du terme, c’est-à-dire « du même sexe » – en 1915 !

N’oublions pas qu’à cette époque, aux Etats-Unis, l’homosexualité est encore punie par la loi.

D’ailleurs, la Suède ne s’y trompe pas : les censeurs vont interdire ce film qui ne sera autorisé qu’en 1931 !

 

Pour le reste, c’est du pur Chaplin, et on y retrouve les habitués (dont Leo White, au parc dans la première partie), ainsi que des gags récurrents habituels : le vagabond qui marche sur son adversaire couché, diverses chutes et autres joyeusetés.

Ici, le vagabond est un peu différent. En effet, s’il est toujours dans un processus d’errance, il n’en est pas pour autant un clochard : ses habits sont nets, même si mal coupés pour sa stature.

A ses côtés, Edna Purviance se fait complice d’un mauvais coup auprès de notre héros, mais aussi de sa mère et surtout du spectateur : elle n’hésite pas à l’inclure dans la farce.

Il est d’ailleurs intéressant aussi de noter que quand le vagabond apparaît en jeune femme, les rôles sont inversés : alors qu’il devient tout à coup timide et réservé, minaudant facilement, Edna prend les choses en main comme le fait habituellement son partenaire dans sa tenue normale.

 

Bref, une dernière excursion dans le transgenre pour Chaplin qui, si elle n’évite pas pour autant la chute finale habituelle, n’en demeure pas moins un film attachant.

 

  1. C’est la troisième et aussi la dernière fois.
  2. Là encore c’est la dernière fois avant longtemps : il faudra attendre Limelight – soit plus de trente-cinq ans après (1952) – pour le voir à nouveau le visage sans attribut pileux.
  3. Je sais, le film est en noir et blanc. Il n’empêche.
  4. La séquence avec Hank Mann dans City Lights (1931) en est une très belle illustration (avant le combat de boxe).
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog