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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Road Movie, #Thien An Pham
L'Arbre aux papillons d'or (Bên trong vo kén vàng - Thien An Pham, 2023)

Une fois n’est pas coutume, cet article va révéler tout ou une partie de l’intrigue. Lisez à vos risques et périls ou revenez après avoir vu le film.

 

La soirée s’annonce bien pour Thiên (Le Phong Vu) : bière avec les copains, puis sauna et massage. Mais malgré tout, un incident se passe : deux motobylettes (1) se sont percutées, tuant sur le coup l’un des deux conducteurs. Qu’importe, la soirée se poursuit.

Malheureusement, pendant le massage, le téléphone sonne avec insistance : Hahn, la belle-sœur de Thiên faisait partie des deux victimes de l’accident et elle a succombé à ses blessures, laissant derrière elle un fils, le (très) jeune Dao (Nguyen Thinh).

Alors il emmène ce dernier dans son pays natal (qu’il a quitté pour Saïgon) afin d’enterrer la jeune femme. Il y retrouve Thao (Nguyen Thi Truc Quynh), son amour de jeunesse, qui est entrée dans les ordres et décide d’aller retrouver son frère, le père de Dao.

 

 « On ne fait plus des films comme ça. » Thiên et Thao parlent de La Vie est belle (Frank Capra, 1946), avec des regrets sinon de la nostalgie (ils sont un peu jeunes pour ça !), et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas avec ce film qu’on en fait un nouveau.

Constitué quasiment uniquement de plans séquences (j’ai lu qu’il y en avait 67).

On m’avait fit : »tu vas voir, c’est un film qui dure 2 h 10. » Sauf qu’il y a 52 minutes de plus et qu’on les sent passer (en tout cas, c’est mon cas). Pas parce que la dernière heure est inutile – certainement pas – mais parce que tous les différents plans sont trop longs. Et comme le film a un rythme très lent, l’addition des deux amène des longueurs parfois (souvent ?) inutiles.

Et c’est bien dommage !

 

Parce que s’il y a un élément (2) qui ressort de ce (très) long métrage, ce sont bien les images de Dinh Duy Hung : c’est une véritable féerie visuelle, et ce malgré un climat plutôt hostile où la pluie s’enchaîne au brouillard, et où le soleil est le grand absent, sauf à un moment : la fin quand Thiên n’a pas retrouvé son frère. Parce qu’il ne le retrouve pas ! Enfin pas quand le film se termine, en tout cas. D’ailleurs, cette fin lumineuse est tout de même plutôt obscure. En effet, je n’ai pas l’impression qu’il y ait une véritable résolution de l’intrigue (mince).

Et c’est aussi l’une des faiblesses du film :cela se présente comme un road-movie où  Thiên erre comme une âme en peine (c’est vraiment le cas de le dire !), à la recherche d’un sens à l’existence qu’il semble le seul à ne pas avoir trouvé. Et chacune de ses rencontres (ou presque) est une nouvelle discussion existentialiste voire métaphysique qui ne le mène pas spécialement quelque part.

 

Ce qui évacue un élément important du road-movie puisque ce personnage ne semble pas vraiment changé malgré toutes ces rencontres et discussions. Et même, je vais enfoncer le clou (et me faire peut-être des ennemis) : par moment, j’avais l’impression de me retrouver chez Godard, ce qui n’est pas un bon signe en ce qui me concerne. Donc si vous ajoutez ça à la longueur et la lenteur du film, vous n’obtenez pas obligatoirement un cocktail détonnant…

Mais malgré tout, il y a quelques bons et beaux moments dans ce film :

  • l’enterrement de Hahn est à mon avis la séquence la plus intéressante. Tout d’abord, il s’y passe quelque chose (ce n’est pas toujours le cas) et surtout parce qu’on croise le solennel et le grotesque, deux éléments qui ne font pas toujours bon ménage. Mais ici, c’est (presque) parfait. Outre qu’on y prend des photos (au moins une), ce qui ne nous est pas habituel, cet enterrement est accompagné de la fanfare du village qui, si elle exécute un morceau lent et de circonstance, de par sa sonorité coupe toute la solennité du moment. On croirait entendre n’importe quelle fanfare d’un patelin reculé avec un son qui détone complètement par rapport aux enjeux du moment.
  • Cet enterrement se termine par une transition de très belle facture : alors qu’il se termine, on voit une pelle entrer dans le sol et commencer à creuser un trou. Mais c’est pour l’oiseau que Thiên avait ramassé…
  • L’arbre aux papillons d’or : c’est un moment absolument magique dans ce film. Et pour une fois, la caméra ne reste pas beaucoup de temps dessus. Quel dommage. J’aurais aimé voir un peu plus longtemps s’ébattre ces papillons clairs dans le sombre du décor. Mais non, on repart (presque) tout de suite ! Il y a dans ce plan une atmosphère onirique qui vaut à lui tout seul de voir ce film.

 

Et puis il y a la bande-son, l’autre atout du film. Si la musique est en parfaite adéquation avec les images, son absence l’est tout autant, voire plus significative. Car le son et son absence sont une donnée là encore primordiale. Même si j’ai parfois du mal à en comprendre le sens : la caméra subjective qui avance dans le brouillard au guidon de la motobylette se termine dans un éclat lumineux. S’est il passé quelque chose ? Non, dans le plan suivant on retrouve Thiên qui mange des nouilles.

Mais quand le son remplace la musique (mélodieuse), c’est surtout pour introduire un élément en boucle qui va rythmer la séquence : l’oiseau, les percussions des enfants, les pas de Thiên…

 

Alors, l’Arbre aux papillons d’or, un film à voir ?

Oui.

Ou pas.

 

PS : Juste avant le plan de l’arbre, deux personnes sont sorties temporairement de la salle. C’est quand même ballot !

 

  1. Ca a des roues de motos et ça va à l’allure d’une mobylette… Mais ça ne ressemble pas à ce que nous connaissons.
  2. En fait, il y en a deux !
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