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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
L'As des as (Gérard Oury, 1982)

1936.
Berlin va accueillir les Jeux Olympiques et les athlètes français se préparent à aller défendre leurs chances. En particulier la section boxe dirigée par Joe Cavalier (Jean-Paul Belmondo), ancien as de l’aviation française pendant la première guerre mondiale, vingt ans plus tôt.

Mais si Cavalier veut soutenir ses athlètes, ce n’est pas à n’importe quel prix : pas question de défiler à l’ouverture en effectuant le salut nazi.

On connaît la suite : les athlètes ont défilé en saluant d’une façon fort similaire à celle des pays totalitaires de la même époque (Japon, Allemagne, etc.). « Le salut olympique », qu’ils disaient…

Dans le train qui l’amène en Allemagne, Cavalier fait la connaissance du jeune Simon Rosenblum (Rachid Ferrache) dont la famille subit les persécutions des nazis.

Cavalier va donc l’aider.

 

On a pu reprocher à Gérard Oury (1) le consensus de sa Grande Vadrouille seize ans plus tôt : les Français y apparaissaient tous comme de valeureux résistants et nul collaborateur n’y apparaissait. Prenant ce contre-pied, il installe son intrigue dans l’Allemagne nazie des Jeux Olympiques, avec la réalité des persécutions juives (feutrées tout de même, le film est tout public. Mais là où Oury réussit son coup, c’est qu’il ridiculise ce régime aussi sûrement que Leni Riefenstahl a su mettre en valeur ce même régime dans ses Dieux du Stade (2).

Et ce film n’est d’ailleurs pas sans parenté avec son aîné de 1966. Encore une fois, c’est une expédition – cette fois à travers l’Allemagne – de héros poursuivis par d’affreux nazis.  Et en plus, le commissaire nazi qui les poursuit n’est autre que Benno Sterzenbach qui poursuivait déjà Bourvil et De Funès dans le précédent film.

 

Autre parenté évidente : Rabbi Jacob. Le fait que la famille Rosenblum détermine l’intrigue allemande n’y est pas pour rien. Mais alors que Rabbi Jacob dénonçait les préjugés par le rire (c’est plus fort), ici, les Rosenblum n’ont rien de drôle : ils symbolisent toutes ces familles victimes de régime abject. Et leur passage au Berghof (3) accentue cette parenté quand ils commencent la musique : Kosma va alors combiner une musique traditionnelle juive avec ce qui ressemble à une autre bavaroise, accompagnée de danseurs en culotte de peau qui passent de la danse allemande à celle qui rappelle les pas de danse (pas toujours bien assurés : il compte) de Louis De Funès (encore lui) dans la Rue des Rosiers.

Quant à la fin, on est aussi obligé de penser à Lubitsch et son formidable To be or not to be : l’évasion n’a pas lieu en avion, mais encore une fois, on se joue d’Hitler et ses sbires.

 

Et au milieu de tout ça, on découvre un Belmondo en pleine forme, qui retrouve avec un plaisir évident celui avec qui il avait tourné Le Cerveau treize ans plus tôt : cascades et bons mots à gogo, Bébel en rajoute évidemment. A ses côtés, la belle Marie-France Pisier tire son épingle du jeu, donnant avec justesse la réplique à la superstar.

Et une mention spéciale pour le jeune Rachid Ferrache, partenaire inattendu et complémentaire de Belmondo, alternant avec bonheur les éléments comiques et douloureux – n’oublions pas son statut de Juif – replaçant toujours l’intrigue dans son contexte mortifère.

 

Un délice.

 

  1. Ou tout du moins la relever…
  2. Dont on voit un extrait : le défilé cité ci-dessus.
  3. Le repère bavarois d’Hitler (Günter Meisner).
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