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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Biopic, #George Tillman Jr., #Robert de Niro
Les Chemins de la dignité (Men of Honor - George Tillman Jr., 2000)

Il n’y a rien d’anormal à ce qu’un jeune homme qui a passé ses loisirs – enfant – à plonger dans le lac d’à côté désire devenir plongeur-sauveteur (scaphandrier) en mer. C’est à ça que rêve Carl Brashear (Cuba Gooding Jr.). Alors quand il a l’âge de postuler, il le fait. Mais nous sommes en 1950 et il n’y a que trois possibilités pour un soldat noir sur un navire : cuisinier, valet d’officier ou tout simplement démissionner et rentrer chez lui. Parce que Carl Brashear est noir.

Mais pour Brashear il n’en est pas question : il veut devenir Major scaphandrier, tout comme Billy Sunday (Robert De Niro) qui laisse sa place suite à une plongée qui a mal tourné.

A force de persévérance, il parvient à intégrer l’école de plongée de la Navy. Et à nouveau, il se heurte au racisme ambiant de ce corps d’armée. Et comme si cela ne suffisait pas, l’instructeur n’est autre que Sunday, un homme exigeant. Et encore plus pour un soldat de couleur.

 

Non seulement George Tillman Jr. réussit un brillant biopic, mais en plus il réussit à nous montrer des soldats qui ne tirent pas un seul coup de feu : ils sont forts ces Américains ! Mais surtout, il montre le courage et l’abnégation (ainsi qu’un peu d’entêtement) d’un homme qui a dû batailler ferme pour arriver à son but. Parce que bien sûr, Brashear va devenir plongeur pour la Navy, malgré le racisme affiché des autres postulants ainsi que du grand chef de l’école, Pappy (Hal Holbrook).

Mais une fois son statut en poche, le film n’est pas encore fini : parce que Brashear n’est pas seulement célèbre (et célébré) pour avoir été le premier Afro-Américain à devenir scaphandrier, il a un autre fait d’arme à son palmarès. Il est en plus le premier plongeur handicapé (amputation d’une jambe) à servir dans la Navy.

A chaque fois, son combat s’est modifié, le laissant à chaque fois endosser le (mauvais) rôle du paria : noir quand tous les autres étaient blancs, handicapé quand tous les autres étaient valides.

 

Et Cuba Gooding Jr. interprète avec beaucoup de justesse ce personnage hors du commun, qui a toujours dû en faire plus que les autres pour arriver au même niveau. Et même une fois arrivé, nous savons très bien que ce n’est pas pour autant gagné. Il suffit de voir la séquence où le postulant Rourke (Hoolt McCallany) est honoré par la hiérarchie militaire (médaille pour bravoure) pour comprendre le gouffre qui sépare Brashear des autres.

Cette séquence est aussi celle du basculement de Sunday en faveur de ce jeune homme lésé. Et De Niro nous gratifie d’une très belle performance dans le rôle de cet instructeur qui n’a rien à envier à Hartman (R. Lee Hermey) dans Full Metal Jacket, ou Highway (Clint Eastwood) dans Heartbreak Ridge. Sunday est sévère mais tout de même juste, allant même à l’encontre des ordres de Pappy (ce qui lui vaudra sa place, bien entendu). Et surtout, dans cet univers très codé, il est l’un des rares à ne pas céder au racisme ambiant : aucune réflexion sur sa couleur, ni geste déplacé de ce genre. Mais il n’empêche pas l’attitude des autres jeunes recrues.

 

De plus, son personnage est un homme très particulier : interdit de plonger, il en souffre et se réfugie dans l’alcool. Et comme nous sommes dans un film américain, il ne faut pas oublier la rédemption. Parce que c’est lui qu’elle va concerner et de très belle manière – enfin de manière soldatesque quand même. Toujours est-il qu’il va contribuer à la réussite finale de Brashear, gagnant par là-même ce salut qui lui faisait défaut.

Bref, une happy end. Attendue certes, mais méritée. Surtout quand on sait que le scénario s’inspire de faits réels…


Et les femmes là-dedans ? Elles sont deux et pas spécialement effacée. La première, c’est Jo (Aunjanue Ellis-Taylor), celle qui va devenir la femme de Brashear : elle est volontaire et elle aussi doit se battre pour être quelqu’un. Quand ils se rencontrent, elle veut devenir médecin.

L’autre, c’est Mrs. Sunday (Charlize Theron), la femme de l’instructeur. Et sa vie est tout sauf amusante avec un tel mari : s’ajoute à la frustration de Billy une différence d’âge flagrante entre les deux époux qui n’est pas pour faciliter leur vie.

 

Et George Tillman Jr. réussir à diriger tout ce b »eau monde, gardant De Niro dans ce qu’il sait faire le mieux – c’est-à-dire jouer son rôle sans faire du De Niro (le sourire inversé est tout de même là, rassurez-vous, sinon ce ne serait plus DeNiro !) – et nous emmène jusqu’au bout de cette fabuleuse histoire.
Une bonne surprise (1).

 

  1. Pour moi en tout cas !
Carl Maxie Brashear (1931-2006)
Carl Maxie Brashear (1931-2006)

Carl Maxie Brashear (1931-2006)

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