Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Leo McCarey, #Charles Laughton
L'extravagant Mr. Ruggles (Ruggles of Red Gap - Leo McCarey, 1935)

Paris, 1908.

Lord Bassingwell, comte de Burnstead (Roland Young) a joué au poker contre les Floud, un couple d’Américains, et il a malheureusement perdu son enjeu : Ruggles (Charles Laughton), son serviteur.

Voilà donc Marmaduke « Colonel » Ruggles en route pour les Etats-Unis et plus précisément Red Gap (Washington), une petite bourgade de l’Ouest où la civilisation telle qu’il la connaît n’est pas complètement arrivée…

 

Leo McCarey, grand spécialistes de la comédie, nous propose ici une magnifique histoire de choc culturel. D’un côté nous trouvons l’impeccable Ruggles, qui vient d’une famille d’hommes de maison, et de l’autre les Floud, de braves Américains campagnards, un tantinet rugueux, mais finalement pas bien méchants. Si Effie (Mary Boland) espère s’élever socialement et amener son mari à en faire autant, il n’en va pas de même pour ce dernier – Egbert (Charles Ruggles), qui n’a pas l’intention de changer ses vieilles habitudes d’homme de l’Ouest où la seule tenue qu’il supporte est celle d’un verre dans sa main, et certainement pas un habit de pingouin.

 

C’est de ce malentendu que se nourrit le film. En effet, dès l’arrivée de Ruggles dans cette nouvelle maison, alors que madame espère un peu plus de classe des habitants, monsieur, lui, considère Ruggles comme son égal, les Etats-Unis étant avant tout un pays où on ne fait pas de différence*. Mais cela n’empêche pas les Floud d’avoir déjà du personnel : une femme afro-américaine et un homme d’origine asiatique. Certes ces deux derniers sont là pour servir, mais leur présence est plutôt une façon de dire que les Etats-Unis demeurent le Creuset (melting-pot) où se croisent toute sorte d’individus venant de lieux très différents.

 

Parce que ce film est avant tout une ode à l’Amérique. En effet, de nombreuses scènes font référence à l’histoire de ce pays : Ruggles lit des ouvrages sur les présidents américains et finalement voit d’un bon œil le fait que les différences s’effacent. Et il va même plus loin puisqu’il décide de voler de ses propres ailes, lui qui n’a jamais connu que les relations maître-valet, comme son père avant lui, ainsi que son grand-père (etc.).

Nous assistons alors à une métamorphose réjouissante où  Ruggles va de plus en plus s’affirmer et surtout trouver sa place dan ce « pays plein d’opportunités ».

Mais quand Lord Bassingwell débarque à Red Gap pour récupérer Ruggles, cette autonomie naissante est menacée. Mais, rassurez-vous, il n’en sera rien.

 

Il y a chez McCarey un véritable talent pour la comédie. Il joue sur l’opposition entre ces deux mondes pour nous amuser, mais dans le même temps, il parsème le film de moments plus solennels, voire émouvants. La séquence dans le Silver Dollar (saloon, bien sûr) est un très grand moment du film quand Ruggles récite le discours de Gettysburg prononcé par Lincoln le 19 novembre 1863. Seul cet Anglais le connaît par cœur. On voit alors tous les habitues, des ruraux comme Egbert, se rassembler pour écouter Ruggles.

 

Mais si le film fonctionne, c’est avant tout grâce à la présence de Charles Laughton. Il est un Anglais plus British que nature, et ne sera égalé que par deux autres grands acteurs : l’immense John Gielgud et l’incomparable Patrick McNee. Laughton est « énorme » (physiquement aussi, mais ça ne compte pas ici) en serviteur flegmatique : non seulement il est économe dans ses gestes et paroles, mais en plus, il fait ça avec talent.

Mais si Laughton est magnifique, c’est aussi dû à la présence de seconds rôles de qualité, Charles Ruggles et Maude Eburne (« Ma » Pettingill) ainsi que Mary Boland et ZaSu Pitts, éléments aussi indispensables au film.

 

Et l’hommage final qui est rendu à Ruggles – ultime moment d’émotion – peut très facilement s’appliquer à Laughton tant son Marmaduke est attachant.

 

 

 

* Entre les Blancs, nous sommes en 1935.

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog