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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Peter Weir, #Mel Gibson
L'Année de tous les dangers (The Year of living dangerously - Peter Weir, 1982)

 

Guy S. Hamilton (Mel Gibson) arrive de Sydney et débarque à Djakarta où le despote local, Sukarno (Mike Emperio), vit ses derniers jours à la tête de l’état (1).

Hamilton est un jeune journaliste un brin naïf qui est envoyé en Indonésie pour y faire ses preuves.

Après un premier reportage mièvre (2), il décroche une interviouve exclusive du chef du PKI (parti communiste indonésien) grâce à Billy Kwan (Linda Hunt), son photographe.

La tension monte et la guerre civile couve.

Et Hamilton fait la rencontre de Jill Bryant (Sigourney Weaver), attachée militaire auprès de l’ambassade du Royaume-Uni.

 

Le début des années 1980 a vu le développement d’une tendance cinématographique à raconter des événements vécus par des correspondants de guerre, dans des conflits qui n’avaient rien d’international, tout du moins officiellement : Liban (Le Faussaire, 1981), Nicaragua (Under Fire, 1983), Cambodge (La Déchirure, 1984)…

Et ici, comme dans les autres films, on retrouve une intervention extérieure qui ne dit pas son nom mais qui est personnifiée par le colonel Ralph Henderson (Bill Kerr), et son attaché »e Jill.

Bien sûr, nous sommes au cinéma et la vérité historique est tronquée (3) : Weir, Williamson et Christopher Koch (l’auteur du roman adapté) ne prenant pas en compte toutes les publications autour de ces événements.

 

Et surtout, nous sommes chez Peter Weir qui est, comme je l’ai déjà dit ici, le cinéaste du passage. Ici, le passage est double, concernant le personnage principal d’une part (comme toujours) et le pays dans lequel il vient d’arriver puisque le film se termine sur les débuts de la répression d’un coup d’état qui a avorté et qui a porté au pouvoir un militaire qui va y rester pendant une trentaine d’années.

Et ces deux passages sont très liés dans le temps, se passant en même temps, avec des résultats tout aussi dramatiques (4). Parce que ce changement qui va s’opérer ne sera pas entièrement positif. Pour l’Indonésie, on le comprend aisément, mais pour Hamilton, il faut voir le film.


Quand ce dernier arrive à Djakarta, il est encore « pur ». Il est plein d’illusion et un brin naïf. Ce reportage va lui ouvrir les yeux sur un système agonisant, mais aussi le faire entrer de plain pied dans son métier : jusqu’où ira-t-il pour jouir du scoop ultime tant désiré et qui fera de lui le journaliste incontournable de la région.

Par contre, ce passage n’est pas sans dommages. En effet, on ne peut pas le considérer comme entièrement bénéfique : s’il ne concerne au premier chef que Hamilton, il n’est pas sans effet sur les gens qu’il côtoie et qu’il aime, Billy et Jill. Et si Hamilton va grandir sur certains points, il va tout de même y laisser une part de ce qu’il était, se rapprochant des autres journalistes déjà en place avant lui, jusqu’à devenir un peu comme eux : pas toujours très reluisant.

 

Mais qui dit passage, dit passeur et ce rôle indispensable est magnifiquement interprété par l’immense Linda Hunt : c’est Billy Kwan qui fait de Hamilton ce qu’il est, se réalisant à travers lui, comme certains parents le font à travers leurs enfants.

Si Billy est les yeux de Guy pendant les reportages, Guy est ce que Billy aurait aimé être : beau et bien proportionné, il a une aventure avec Jill, ce qui n’est pas possible du fait de son apparence. Et cette aventure amoureuse, si elle a un goût amer, reste tout de même l’un des plus beaux accomplissements du photographe.

Et évidemment, la prestation de Linda Hunt est phénoménale : elle est Billy jusqu’au bout, un homme amoureux et fier (et discret), sans tomber à un seul moment dans l’outrance.

Superbe.

 

  1. Le film se passe quelques semaines avant le « coup d’état » de Suharto.
  2. Le rédac-chef lui reproche de jouer à l’agent touristique.
  3. Pour un traitement plus complet, explorant toutes les pistes étrangères, allez voir sur ARTE ou toute autre chaîne de télévision rigoureuse.
  4. Rassurez-vous, Hamilton ne meurt pas.

 

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