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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Gangsters, #Robert Altman
Nous sommes tous des Voleurs (Thieves like us - Robert Altman, 1974)

Ils sont trois.

Trois hommes qui s’évadent d’un pénitencier.

Trois hommes qui dévalisent des banques.

Trois hommes qui doivent donc mourir.

 

Nous sommes dans les années 1930s, en pleine dépression, et pendant que les files de chômeurs s’allongent, que le pays s’enfonce dans la Dépression et la pauvreté, quelques « citoyens » essaient de s’enrichir.

C’est le cas de ce trio : T-Dub (Burt Remsen), Chicamaw (John « Painless Pole » Schuck) et Bowie (Keith Carradine), sempiternellement sur les routes, écumant les banques du Mississipi, tuant si nécessaire (pour eux).

 

Bien sûr, on pense à Bonnie & Clyde, dans cette fuite en avant vers une issue fatale. Mais alors qu’il y avait un aspect provoquant dans ce couple terrible, ici aucune provocation : des braqueurs de banque sans foi ni loi, portant revolver avec l’intention de s’en servir.

Mais la comparaison porte plus sur la période de l’intrigue, pendant cette Dépression terrible où le meilleur moyen de se faire facilement beaucoup d’argent était le crime : la contrebande d’alcool jusqu’en 1933, les hold-up dans le même temps et après, cette dernière activité se pratiquant quelle que soit la situation d’un état.

 

Il y a dans ce film d’Altman une touche réaliste très marquée, qu’elle soit vestimentaire ou dans le choix des lieux, comme dans le choix de ses différents interprètes. Les différents rôles principaux sont tenus pour la plupart par des habitués d’Altman ou comme Keith Carradine par des acteurs qui ont déjà tourné avec lui.

Et le parti pris d’avoir choisi des physiques ordinaires – sauf pour Carradine et Shelley Duvall – accentue ce réalisme.

A côté de ces physiques communs – T-Dub et Chicamaw, mais pas seulement eux : Mattie (Louise Fletcher), malgré ses beaux yeux clairs n’est pas ce qu’on peut appeler une femme séduisante – on trouve d’un côté Keith Carradine avec son physique de jeune premier qui attire presque immédiatement la sympathie du public ; et de l’autre Shelley Duvall et ses yeux globuleux et son sourire denté. Une association presque contre-nature : Shelley possédant un charme fou, et jouant avec beaucoup de justesse cette jeune femme naïve et mal dégrossie, inéluctablement attirée par ce beau jeune homme, et ce malgré son passé (et présent) criminel.

 

Mais si nous sommes en pleine Crise de 1929 (qui s’étend jusqu’à la deuxième Guerre Mondiale), on ne trouve que très peu de référence politique, et ce alors qu’un élément primordial est utilisé pendant tout le film : la radio.

Cette radio que Woody Allen célèbrera dans Radio Days (1987) et qui accompagne les Américains à chaque moment de leur journée, alternant informations, musique et pièces radiophoniques.

Et il faut attendre la toute fin du film pour entendre un discours politique – réactionnaire de surcroît – évoquant le New Deal de Roosevelt.

 

Cette radio est un élément essentiel de la narration car elle commente d’une certaine façon les événements auxquels est associé le trio criminel. On y apprend leurs méfaits, mais pas seulement : alors qu’ils écument les banques, ce médium diffuse des feuilletons policiers qui sont plutôt similaires, à ceci près que les criminels ne s’en sortiront pas. Eux non plous, me direz-vous, mais on n’en est pas encore là.

Autre feuilleton qu’écoutent Bowie et Keechie (Shelley Duvall) alors qu’ils font plus ample connaissance (pardonnez cet euphémisme), Roméo & Juliet, qui se conclut inlassablement par la même phrase : « Thus did Romeo and Juliet consummate their first interview by falling madly in love with each other. » (1)

Bien sûr (comme écrit plus haut), l’issue sera fatale, et on retrouvera dans l’exécution finale – les méfaits des trois hommes étant impardonnables – le même acharnement des représentants de la loi que dans Bonnie & Clyde.

A cela s’ajoute le sang qui s’écoule de la couverture où est enveloppé le troisième homme (les deux autres ayant disparu du film), déposé sur un sol boueux, sous une pluie qui accentue l’aspect tragique du moment.

 

 

(1) « [C’est] ainsi que Roméo et Juliette conclurent (?) leur première entrevue en tombant follement amoureux l’un de l’autre. » (Pardonnez cette traduction maladroite, mon aptitude à la version étant un tantinet rouillée).

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