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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Musical, #Drame, #Steven Spielberg
West Side Story (Steven Spielberg, 2021)

Soixante ans se sont écoulés, et l’histoire n’a pas pris une ride. C’était déjà le cas en 1961 d’ailleurs, quand Wise a sorti son propre film : le thème de Roméo & Juliette (publié en 1597 d’après une histoire encore plus ancienne…) reste indémodable : cet amour fou qui se termine (très) mal continue d’émouvoir les spectateurs, dont votre serviteur (1).

Donc, dans le New York de la fin des années1950, deux bandes rivales se disputent le territoire du West Side (2) : les Jets et les Sharks. La seule différence entre ces deux bandes rivales : la couleur de la peau. En effet, les Sharks ont le teint plus halé puisqu’ils viennent de Porto Rico. Les autres ont le teint plus clair, puisqu’ils descendent pour la plupart des colons européens : mais tous ont un véritable point en commun : ils ne sont pas les véritables indigènes de ce grand pays.

A côté de ces deux bandes de voyous qui passent leur temps à se chercher, se développe un amour entre une fille de Porto Rico – Maria (Rachel Zegler) – et un de ces descendants de colons blancs – Anton « Tony » (Ansel Egort).

Mais bien sûr, cet amour n’est pas possible.

 

La première question qui me vint à l’esprit quand le film est sorti fut la suivante : un tel film était-il nécessaire ? Même si c’est Spielberg… Bien sûr que non (3), mais on en va pas bouder son plaisir pour autant ! Parce que ce film, s’il n’est pas « nécessaire », reste tout de même un très beau moment de cinéma comme sait (toujours ou presque) le faire Steven Spielberg. Certes, on n’imagine pas une issue différentes de l’intrigue, et donc pour une fois, cela se termine mal (4), et puisque l’intrigue est rebattue, encore une fois, c’est la façon de faire qui prime. Et là, on est servi !

 

Suivant la pratique actuelle qui veut que tous les écrits viennent en fin de film, Spielberg entre tout de suite dans le sujet, évitant l’Ouverture initialement prévue, celle qui annonçait clairement les différents thèmes qu’on allait trouver tout au long de l’histoire. C’est un quartier désolé qui nous est montré, attaqué par les boules de chantier qui détruisent ce qui furent des taudis, en attendant l’expulsion totale des différents habitants afin de créer un nouveau West Side, plus conforme à l’air du temps. Alors les bisbilles entre les deux bandes rivales semblent tout à coup bien mesquines : si un des deux clans l’emporte, des toute façon, ils seront tous envoyés ailleurs…

 

Mais c’est cet aspect bien petit par rapport à cette immense ville en mutation qui va donner cette dimension grandiose à cet amour tragique : certes, ces deux jeunes gens ne pèsent pas bien lourd face à cette transformation, mais le seul fait qu’ils existent les rend uniques et de ce fait dignes d’attention.

Et Spielberg réussit là où Wise s’était arrêté : ses acteurs ont une apparence plus jeune, comme si Spielberg avait restauré cette histoire, lui redonnant toute la jeunesse des protagonistes (5), bien qu’Ansel Elgort soit plus âgé que Richard Beymer quand il a interprété Tony en 1961 ! Et cela peut s’expliquer par un élément « signe des temps » :les jeunes gens de 1960 étaient plus mûrs que ceux de 2020. Et puis n’oublions pas non plus les effets du maquillage conjugués à ceux du numérique.

 

Et au final, ce nouveau West Side Story est une très belle surprise :non seulement Spielberg nous confirme qu’il est un très grand réalisateur, mais surtout, il donne une teinte colorée et brillante qui rehausse cette intrigue sombre, donnant, malgré l’artificialité des pas de danse un certain réalisme qui s’exprime dans les différentes séquences de violence : il réussit la synthèse adéquate entre les ballets de Wise et ceux de Kubrick dans Orange Mécanique ! (Musique : la Pile voleuse).

Et tout cela avec une profusion de couleurs qui teintent chaque moment du film : entre les tenues des protagonistes, les tentures ou même les projections solaires des vitraux, tout donne un aspect plus chatoyant que dans le premier film. A cela s’ajoute un jeu de lumières pertinent où c’est la multiplication des sources lumineuses qui accentue le grandiose de cette petite histoire, illustrant avec beaucoup de subtilité les paroles de Tonight, la chanson de la scène du balcon :

      « Tonight, tonight, the world is full of light (Ce soir, ce soir, le monde est rempli de lumières)

         with suns and moons all over the place. » (avec partout des soleils et des lunes)

Même la séquence de combat qui voit Mercutio (Riff – Mike Faist) être tué par Thibault (Bernardo – David Alvarez), lui-même tué par Roméo (Tony) reste lumineuse, et ce malgré les lumière éteintes (pour faire plus discret).

 

Et bien sûr, l’interprétation est à la hauteur de l’enjeu. Les différents interprètes sont des artistes complets : ils jouent, ils dansent et ils chantent (6). Même Rita Moreno (Valentina) peut enfin faire entendre sa voix. Elle qui fut une inoubliable Anita nous démontre pourquoi on ne pouvait pas l’entendre chanter en 1961 : sa tessiture est trop haute !

Et puisqu’on parle d’Anita, elle est ici interprétée avec brio par Ariana de Bose, formidable en tout point dans ce rôle difficile parce que déjà interprété avec beaucoup de brio…

Et si Ansel Elgort est un Tony un peu plus dégourdi que ne l’était Beymer, on notera la très belle prestation (encore une) de Rachel Zegler encore plus Maria que ne l’était l’irrésistible Natalie Wood (c’est dire !).

 

Alors oui, précipitez-vous sur cette nouvelle version, pour toutes ces qualités visuelles, mais aussi pour la musique éternelle de Leonard Bernstein !

 

  1. Je n’arrive pas à ne pas verser une larme à la fin. C’est mon côté midinette…
  2. Ce n’est pas loin de chez Aloysius Pendergast.
  3. Poser la question, c’est déjà y répondre.
  4. Ca reste rare, chez Spielberg, une fin tragique.
  5. Roméo & Juliette sont des adolescents, ne l’oublions pas.
  6. Natalie Wood (Maria) et Richard Beymer étaient doublés (7).
  7. J’espère que vous ne vous lassez pas des notes de bas de page…
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