Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Gangsters, #Archie Mayo
L'Evadé de l'Enfer (Angel on my Shoulder - Archie Mayo, 1946)

Le caïd de St. Louis (Mo), Eddie Kagle (Paul Muni), sort de prison. Smiley (Hardie Albright), son complice et ami de toujours, l’accueille, l’emmène dans sa voiture… et le tue !

Du fait de son passé, Kagle se retrouve dans un endroit pavé de bonnes intentions. Après une tentative – vaine bien sûr – d’évasion, Nick (Claude Rains), un des « gardiens » du lieu, lui propose un marché : il peut le faire remonter pour se venger de Smiley contre un petit service.

Fou de rage contre son ancien partenaire, il accepte.

Il se retrouve alors dans le corps du vénérable juge Parker (Paul Muni), son sosie, doublement de l’autre côté.

 

 Bien sûr, il n’y a aucun « ange sur l’épaule » (1) de Kagle, mais bel et bien un démon. Et c’est un démon bien connu des cinéphiles puisqu’on le trouve déjà dans le sublime Faust de F.W. Murnau (2). Et Archie Mayo a fait le bon choix en proposant ce rôle à l’immense Claude Rains, à nouveau dans un rôle de méchant, mais pas tant que ça. En effet, malgré un début plutôt violent et une intrigue un tantinet noire, nous assistons à une comédie – dramatique, évidemment – où la dualité religieuse est aussi source de comédie : la meilleure illustration est le moment où Kagle/Parker entre chez le pasteur (Erskine Sanford) avec sa fiancée, la belle Barbara (Anne Baxter) : Nick/Méphisto prend le chemin opposé insistant sur le fait qu’il s’agit du « bon » alors que Kagle lui déclare que c’est le « mauvais. On pense alors aux nombreuses références à ce chemin qui mène vers le Salut dans la Bible, ouvrage honni s’il en est de ce même Nick.

 

De son côté, Paul Muni est à son aise dans ce rôle double qui ne l’est pas vraiment : si Kagle et Parker sont deux personnes totalement opposées, c’est bien l’esprit (l’âme) de Kagle qui habite le corps de l’autre et va diriger sa vie pendant cet emprunt temporaire. Et là encore, la différence entre les deux personnages va s’exprimer dans les deux sens : le juge se met soudainement à parler comme un malfrat, a des manières des plus détestables voire inattendues (il se bat !), mais est rattrapé par ce corps qu’il ne maîtrise pas totalement : il vide d’un trait un verre de Bourbon en fumant un gros cigare, ce que son hôte n’a pas l’habitude de faire…

Muni retrouve en partie le rôle qui a fait sa renommée – Tony Camonte dans Scarface (1932) – mais augmenté des rôles positifs qu’il a pu interpréter dans les années qui ont suivi.

 

Parce que nous sommes bel et bien dans un film américain et la dualité religieuse déjà évoquée va se traduire en quête de Rédemption. Sauf qu’Eddie Kagle est damné. Il n’y a pas de Salut possible ! Et comme on ne pouvait pas le tuer à nouveau, il fallait une issue optimiste plausible sans être pour autant immorale. Et Roland Kibbee et Harry Segall ont fourni la fin idéale pour cette intrigue fantastique. D’une certaine façon, la morale est sauve et nous restons dans le domaine de la comédie : tout est bien qui finit bien pour Kagle !

 

Un film réjouissant donc, servi par une distribution à la hauteur. Ce fut en outre la dernière réalisation d’Archie Mayo et le dernier film (au cinéma) d’Hardie « Smiley » Albright.

 

PS : l’Enfer du titre français a ici été magnifiquement recréé par Bernard Herzbrun et son équipe. Du fait des différents éclairages et de l’opposition ombre et lumière, on pense bien sûr aux films muets allemands traitant de ce même enfer, qu’il soit spirituel (Faust, encore) ou humain (Metropolis).

 

  1. Le titre original. Mais Evadé de l’Enfer, c’est plus vendeur, non ?
  2. Ainsi que chez René Clair quatre ans plus tard, donc…
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog