Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Frank Capra
L'Homme de la rue (Meet John Doe - Frank Capra, 1941)

John Doe, c’est le nom qu’on donne à une personne non identifiée aux Etats-Unis, en général un homme mort (1).

John Doe, c’est ici le nom que choisit Ann Mitchell (Barbara Stanwick), pour signer un article anonyme dénonçant les dérives de la société : il a décidé de se suicider la nuit de noël par contestation de cet état de fait.

Mais reprenons.

Le journal The Bulletin a été racheté et on y fait le ménage. Parmi les licenciés se trouve donc Ann Mitchell. Avant de partir, elle lance une bombe journalistique : la lettre du fameux John Doe. Non seulement c’est une révélation, mais le public veut rencontrer ce personnage. Le New Bulletin va organiser un casting et choisir « Long » John Willoughby (Gary Cooper) pour incarner ce laissé pour compte.

Et en acceptant, Willoughby met le doigt dans un engrenage : la supercherie se met en branle.

 

Décidément, Frank Capra n’aimait pas l’administration Roosevelt (2). Encore une fois, il revient sur l’état de l’Union (comme on dit, là-bas) et en dresse un tableau peu flatteur : une myriades d’abandonnés pendant qu’une poignée se remplit les poches… Et à nouveau, Capra prend le parti des petits contre ces mêmes gros, représentés par D.B. Norton (Edward Arnold) : Norton n’est pas le philanthrope qu’il voudrait faire croire, comme le montre la résolution de l’intrigue (3). Et Ce John Doe est de la même trempe que Smith (James Stewart), mais sans les mêmes moyens (blocage parlementaire). Et on retrouve cette idée de l’individu contre la société qui baigne de nombreux films du réalisateur.

 

Autre thème récurrent chez Capra, la presse. Et le film commence plutôt abruptement : le journal a été repris et sa ligne éditoriale va changer. Et Capra ne fait pas dans le détail pour le montrer puisque la première chose qui est effacée du mur est « liberté de la presse ». Et comme dans Mr. Deeds goes to town, on retrouve l’aspect manipulateur de cette presse sur un individu. Et encore une fois, c’est Gary Cooper qui interprète cet individu utilisé par des gens sans beaucoup de scrupules. Cet apparentement est renforcé par la présence de John Riskin, autre collaborateur de Capra au scénario. Mais alors que la journaliste (Jean Arthur) de M. Deeds est malhonnête avec son olibrius, ici, il y a un fonds d’honnêteté chez Ann Mitchell : elle croit vraiment à ce qu’elle écrit et son soutien à John Doe et son mouvement est sincère.

 

Et bien sûr, pour que le film marche vraiment, il faut un méchant à la hauteur : Edward Arnold est – encore une fois – un personnage franchement ignoble comme le montre sa dernière manœuvre à la Convention des John Doe. Sa dernière démarche est tout de même honnête, même si elle n’a plus vraiment d’importance : la messe est dite, il va s’en sortir !

Mais le dernier  mot reste tout de même aux petits, avec ce même optimisme qui caractérise ce réalisateur.

Toutefois, Capra enfonce le clou contre Norton et sa clique en faisant mentionner l’idée d’« ordre nouveau » quant à leur position politique : n’oublions pas que dans le même temps, la guerre en Europe voit s’affronter la démocratie et les tenants de cet « ordre nouveau ».

 

Quoi qu’il en soit, Capra signe ici son dernier film avant d’être employé au service de propagande de l’Armée des Etats-Unis. Il ne reviendra que trois ans plus tard – une fois que la Victoire sera en bonne voie – au cinéma et encore pour une pièce filmée (mais savoureuse).

On y retrouve, en plus des éléments énoncés plus haut, le microcosme composé de ses personnages étonnants, dont beaucoup sont interprétés par quelques vieilles gloires et autres seconds rôles truculents. Parmi eux, J. Farrell McDonald (Smithers) pour ne citer que lui.

Sans oublier Walter Brennan (Le Colonel), pas encore vieux, mais déjà ronchon !

Bref, un autre film à la Capra comme je les aime.

J’espère que c’est aussi votre cas !

 

  1. Pour les femmes on dit « Jane Doe ».
  2. Roosevelt vient d’être réélu (novembre 1940, investiture moins de 2 mois avant la sortie du film) pour la deuxième fois. Et ce n’est pas la dernière…
  3. Nous, spectateurs, le savons bien avant, et de toute façon, comme c’est Edward Arnold qui interprète ce personnage répugnant, on s’en doutait un peu dès le début (cf. Mr. Smith goes to Washington)…
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog