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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #William Beaudine
The Canadian (William Beaudine, 1926)

Ce « Canadien », c’est Frank Taylor (Thomas « Crichton » Meighan), un ouvrier agricole qui travaille pour Ed Marsh, un Anglais venu s’installer dans l’Ouest (au Canada, donc). Mais Frank a sa propre exploitation qu’il va démarrer grâce au travail chez Marsh. Un jour, Nora (Mona Palma), la sœur du même Marsh vient s’installer chez son frère, n’ayant plus où aller. Mais ses manières précieuses ne sont pas du goût de Gertie (Dale Fuller), la femme d’Ed. Et comme Frank a besoin d’une femme pour s’occuper de sa maison, la mort dans l’âme, Nora lui propose d’être celle-ci.

Mais une fois le mariage prononcé, Nora rend à Frank son alliance. Ils vont vivre ensemble, mais chacun pour soi…

 

C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve William Beaudine, qui fut un très grand réalisateur essentiellement pendant la période muette. Et ce Canadien ne fait pas exception : Beaudine nous raconte certes une histoire convenue – on sait qu’ils finiront ensemble, malgré les airs de pimbêche de Nora et l’aspect un tantinet bourru de Frank – mais il le fait avec beaucoup de subtilité et les plans impeccables d’Alvin Wyckoff, qui eut une longue et fructueuse collaboration avec Cecil B. DeMille (1). Bref, visuellement, c’est impeccable, et c’est bien ce que nous voulons.

 

Quant à l’interprétation, Meighan est encore une fois admirable, amoureux éconduit de cette femme distante, habituée à une vie facile et même pas  capable de faire cuire du riz ! Et Mona Palma, éphémère actrice du muet (7 films seulement en 4 ans !), réussit quand même à se hisser à un niveau très acceptable – moindre que celui de son partenaire – même si elle est plus convaincante en femme distante qu’en amoureuse.
Et puis il y a Dale Fuller qui campe une patronne magnifique, bourrue elle aussi – Gertie est une vraie Canadienne farouche – et on regrette qu’elle fut aussi peu mise en valeur dans sa (plutôt) longue carrière (2).

 

Mais encore une fois, c’est bien dans la réalisation que se trouve la clé du film : Beaudine mêle avec bonheur et savoir-faire la comédie et la tragédie, donnant à cette histoire dramatique quelques touches de comique, telles des couleurs chatoyantes discrètes dans un tableau gris. Et puis il y a le tournant de cette histoire d’amour : le fusil.

C’est une trouvaille formidable que ce fusil chargé qui est donné à Nora par son mari : un peu plus tôt elle n’avait pas hésité à lui tirer dessus avec (heureusement, il était déchargé). Cet instrument de mort devient alors instrument d’amour, consolidant alors l’antagonisme entre ces deux états, voire démontrant que l’amour est plus fort que la mort ?

Et ce sont des détails comme celui-ci qui vont amener la happy end attendue : le chapeau de Frank, le contrat de mariage sur la table, la montre de Pop (Charles Winninger)…

 

Bref, du grand art, et en 80 minutes seulement.

Encore une fois, on en redemande !

 

  1. C’est pour dire que ce n’est pas le premier venu.
  2. 81 films.
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