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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Télévision, #Alfred Hitchcock
Accident (Breakdown - Alfred Hitchcock, 1955)

William Callew est un homme important.

William Callew est un homme d'affaires.

William Callew fait de l'argent.

William Callew n'a pas de place pour les sentiments.

Pour lui un employé de plus ou de moins, peu lui chaut. Qu'est-ce qu'un employé pour lui ? C'est un pion qu'on avance, qu'on recule, et si besoin, qu'on enlève. C'est comme ça que Mr Hubka (Forrest Stanley) se retrouve sur la touche après des décennies de bons et loyaux services.

Pendant que Hubka se lamente sur son sort et voit l'avenir en noir, William Callew rentre à New York, après une escapade balnéaire salutaire.

Sur la route, des travaux : des bagnards du pénitencier voisin travaillent. William Callew fait une embardée quand un engin de chantier déboule : c'est un accident terrible. Les gardiens sont morts, les prisonniers évadés, et William Callew est coincé derrière son volant. Il est paralysé. Paralysé, mais conscient...

 

Le point de vue subjectif a toujours intéressé les conteurs. En littérature comme au cinéma, on trouve de ces histoires qui ne sont vues que selon le point de vue du narrateur : (re)lisez Le Meurtre de Roger Ackroyd, ou (re)voyez Sixième sens, par exemple. Vous aurez une histoire subjective avec un retournement de dernière minute, comme dans cet épisode (le septième) de la série Alfred Hitchcock présente. Tout comme C'est lui, c'est le maître lui-même qui dirige. Il retrouve par la même occasion Joseph Cotten, quelques années après L'Ombre d'un doute, dans le rôle de cet homme d'affaire peu scrupuleux.

Peu de personnages. Peu d'action. Mais une foule de plans montrant l'état d'esprit de Callew. Ce sont des plans fixes : dans la voiture ou à l'Institut médico-légal. Hitchcock se permet un déplacement quand le corps de Callew est amené à la morgue.

Mais c'est la diversité de ces plans qui crée la tension chère à Hitchcock, et indispensable à la série. En effet, on voit Callew sous toutes les coutures. Ce fut un rôle qui, s'il n'est pas très remuant, dut beaucoup embêter Joseph Cotten : il ne peut pas bouger pendant de longs instants. Et Hitchcock revient régulièrement, grâce au montage, à ces différents plans. Et Cotten doit non seulement rester immobile, mais en plus garder la pose, ne pas ciller... Bref, une véritable torture. Ces moments d'immobilité* sont accompagnés d'un monologue intérieur qui donne tout son sel à l'intrigue. Ce monologue, qui le rattache à la vie et le raccroche à un espoir dérisoire, décrit ses sensations, son désespoir quand des rôdeurs vont et viennent sans le secourir.

C'est une voix presque sépulcrale qui nous parle. On ne sait pas tout de suite s'il est mort ou vivant. Il faudra le battement d'un doigt. Un doigt qui tapote doucement un tuyau, et fait un bruit amplifié (c'est celui qu'il ressent). Ce battement ne le sauvera pas : le léger son qu'il produit sera rapidement recouvert par le raffut des opérations de sauvetage ! Et à la morgue, sa main est sous lui, alors le doigt ne bouge plus...

Et au fur et à mesure, la tension monte jusqu'à ce doigt coincé au moment où il aurait dû bouger. Le suspense, cher à Hitchcock est à son apogée : sera-t-il sauvé ?
Pour le savoir, regardez-le.

 

* Oui, à un moment le raccord est limite : on voit une paupière bouger. Mais c'est à la toute fin, alors ça ne change pas grand chose quant au dénouement.

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