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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Claude Autant-Lara, #Gérard Philipe
Le Joueur (Claude Autant-Lara, 1958)

« Heureux au jeu, malheureux en amour ».

Encore une fois, le dicton se réalise pour Alexeï Ivanovitch (Gérard Philipe).

Pourtant, rien ne laissait présager une telle issue malheureuse.

Reprenons.

Alexeï Ivanovitch est le précepteur des petits-enfants (?) du général Zagorianski (Bernard Blier). Ce dernier s’est rendu à Baden-Baden, mais certainement pas pour y prendre les eaux : il y a une roulette très courue, et comme il est criblé de dettes et que sa vieille tante Antonia (Françoise Rosay) ne veut pas mourir (et lui léguer sa fortune), il essaie de s’y refaire. Sans y parvenir, bien entendu. Et évidemment la tante Antonia arrive à Baden-Baden.

Alors qu’elle inspecte le casino à la recherche de son neveu, elle est subitement prise de la fièvre du jeu et y perd tout.

C’est alors au tour d’Alexeï de prendre place autour de la table : il gagne, il gagne, il gagne…

 

Il n’y a pas que le général de Gaulle qui a ses entrées dans cette ville thermale puisque le grand Fédor (1) y a lui-même passé du temps et laissé des sommes colossales, et pas dans les soins, comme vous vous en doutez. Mais du roman, si les grandes lignes sont toujours présentes, l’issue et l’intrigue en sont plutôt éloignées. Mais qu’importe, nous sommes au cinéma : tout est donc possible. Et comme il y a Gérard Philipe, on ne va pas bouder son plaisir. De plus, la présence de Rosay et Blier nous assure un spectacle de qualité, même si on peut préférer d’autres réalisations ou performances d’Autant-Lara et des différents interprètes.

Le conflit opposant la tante et le général est un des meilleurs atouts du film, la vieille dame n’étant pas la mourante attendue, tandis que ce général a tout de celui de la Comtesse de Ségur (2) : Blier est bien évidemment dans son élément.

Quant à Gérard Philipe, il est un Alexeï de haute volée (qui en aurait douté ?) et donne vie à ce personnage, véritable héros dostoïevskien, avec toute la fougue et l’idéalisme de la jeunesse, un véritable cousin de Raskolnikov (3).

 

Mais – il y a toujours un mais – je regrette toutefois le manque d’intensité du film par rapport au livre, dans les moments de jeu. Si la première phase qui voit la vieille tante miser inlassablement sur le zéro est très réussie, celle qui voit Alexeï jouer pour son compte est relativement plate, alors qu’elle possède une force incroyable quand Fédor la couche sur papier. Il y a un côté machinal dans la réussite du personnage qui détone complètement : où est passée l’excitation mêlée de frénésie qui nous tenait en haleine ?

Certes, il est très excité de gagner, mais il manque l’aspect fébrile qui fait toute la force du (court) roman.

Quoi qu’il en soit, on prend plaisir à regarder cette « comédie » dramatique qui a beaucoup d’éléments du drame et qui n’est pas spécialement comique. Et la présence de seconds rôles émaillant le film n’est pas non plus pour déplaire : Alice Sapritch, bien sûr puisqu’elle est annoncée, mais aussi Piéral, Jacques Marin ou encore Daniel Emilfork font des apparitions très remarquées…

 

Alors on se laisse emporter par la fièvre (légère) du jeu et on apprécie ce film qui fut l’un des derniers de Gérard Philipe (encore trois à venir…). Hélas.

 

  1. Dostoïevski !
  2. Dourakine : « dourak » signifie imbécile en russe.
  3. Le roman est paru pendant l’écriture de Crime et Châtiment.
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