A dangerous Method aurait pu aussi s'appeler La Rupture.
D'un côté, Carl Jung, jeune analyste, disciple du grand Freud.
De l'autre, son père spirituel, le Maître.
Entre eux, « celle par qui le scandale arrive » : Sabina Spielrein.
C'est avec elle que tout commence : elle arrive à l'institut où officie le jeune docteur Jung.
C'est une hystérique.
Alors Jung va l'analyser. Et la guérir. Mais c'est là que les ennuis vont commencer.
Quand un homme tombe amoureux d'une femme, ça fait souvent une belle histoire. Mais quand cet homme est son médecin-analyste, et qu'en plus il est marié, père de famille et appartenant à la haute société... S'ajoute à cela l'époque (avant 1914)... Tout est réuni pour un magnifique scandale !
Mais ce n'est pas le scandale le plus important, dans ce film. Non. Ce sont les relations humaines. Nous voyons l'évolution de Jung à travers sa relation avec deux des personnes qui ont le plus compté pour lui : son maître et sa patiente.
Au début, Jung ne connaît pas Freud. Et leur rencontre l'amène à admirer ce maître, celui qui a révolutionné l'approche mentale. Mais cette admiration sans borne - cet amour - va s'étioler à mesure que la jeune femme va entrer de plus en plus dans la vie de Jung. Jusqu'à la rupture.
Rupture idéologique, mais aussi - et tout simplement - logique : Freud est un homme établi, bon père d'une nombreuse famille. La vie dissolue de Jung est en totale opposition avec celle de son mentor.
Cette femme, qui deviendra une grande psychanalyste (avant d'être assassinée par les nazis), est avant tout le révélateur des deux hommes, leur « catalyseur ». Elle conforte Freud dans sa méthode, mais aussi amène Jung à élaborer la sienne.
Quand on pense à Cronenberg, on ne peut s'empêcher d'imaginer la violence physique. Où est-elle ici, dans cette histoire de salon ?
Elle est là, rassurez-vous. Et comme d'habitude, elle est inéluctable.