Au début, c’est un jeu de cartes des années 60.
Avec Tim Burton, c’est devenu un jeu de dominos : il les a bien alignés avant de les faire tomber un par un.
Le casting est éblouissant. Les effets spéciaux sont à la pointe et le film se situe dans la vague de films catastrophe de la deuxième moitié des années 90 : Independance Day, Armaggedon, Deep Impact.
Mais à la différence de ces trois films, les effets spéciaux servent le film et surtout, Burton ne se prend pas au sérieux.
Le film s’ouvre sur une image que j’ai toujours trouvée surréaliste : des vaches en feu qui courent.
Surtout, le ton du début est des plus sérieux : comme pour X-Files, nous avons des situations précises à des horaires précis, afin d’injecter un peu de réalisme. Le décor se plante et nous sommes sans cesse ballotés d’une époque à l’autre.
En effet, tout ce qui concerne les Martiens est daté années 60, alors que sur terre, la limite est plus floue. Alors qu’une ère numérique s’ouvre, le traducteur sophistiqué utilise des bandes magnétiques ! Les téléphones sont filaires et la vie dans le Kansas est un tantinet arriérée.
Mais c’est cette absence de limite franche qui fait la réussite de ce film.
Nous avons l’impression d’être dans un de ces films de science fiction des années 50, avec les techniques des années 90.
Et tout y est :
- les Martiens hideux ;
- l’attaque inopinée contre les Etats-Unis ;
- les expériences scientifiques douteuses ;
- le président américain arrogant ;
- les scientifiques optimistes même devant l’évidence ;
- la destruction des grands monuments par les Martiens (Obélisque de Washington, Tour Eiffel, Taj-Mahal et surtout Big Ben) ;
- et même le monologue humaniste et pacifiste par ce même président, avec en prime la larme dans l’œil du méchant extraterrestre.
Pour le reste, c’est 1h45 de plaisir. Le casting permet des seconds rôles interprétés par des pointures, ce qui ne nous donne aucun instant de répit. Je donnerai même une mention spéciale à Danny deVito, en avocat rustre et égoïste.
Rien n’est pris au sérieux, et c’est pour ça que ça marche. Mais aussi, parce que les moyens sont là. Il faut, pour réussir une parodie, s’en donner les moyens et ne pas lésiner sur la production, ce que Burton fait avec brio.
Alors on savoure.
Je n’ajouterai qu’une chose : « Ak ak, ak, ak ak ak, ak ! »